La crise grecque semble être réglée. Jusqu'à quand cela repoussera-t-il la correction boursière que la majorité des gestionnaires et des analystes anticipent pourtant depuis quelques semaines déjà?

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Il semble qu'au moins 85% des créanciers de la Grèce acceptent la restructuration de sa dette. Les obligations actuelles seront échangées pour de nouvelles obligations dont la valeur nominale sera dévaluée de 53%. Ces nouvelles obligations auront des taux d'intérêt plus bas et des échéances plus longues. Sans cette entente, la faillite de la Grèce était inévitable.

Une acceptation par 75% à 90% des créanciers permet aux autorités de forcer les autres créanciers plus récalcitrants à accepter le plan de restructuration.

Les indices boursiers ont réagi fortement. L'indice DAX à Francfort et le CAC-40 à Paris ont tous deux bondi de 2,5% durant la séance d'hier, dans l'attente de ce dénouement.

Cela porte à plus de 5% les gains des deux derniers jours.

Les marchés américains ont également bien fait hier, avec des gains d'environ 1% pour le S&P 500 et le NASDAQ.

En plus de la crise grecque qui se résorbe, les marchés boursiers profitent également des chiffres concernant l'emploi aux États-Unis. Les analystes sont optimistes que le département du Travail américain annoncera ce matin une création de plus de 200 000 emplois lors du dernier mois.

Mais malgré ces facteurs qui pointent vers des marchés plus hauts, les chances demeurent que les marchés boursiers entreront dans une période de stagnation et qu'une correction pourrait bientôt se produire, explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. «Les participants aux marchés vont réaliser que la croissance économique ne sera pas de 3% à 4% comme ils le croyaient plus tôt cette année, et que les profits s'essouffleront», dit-il. Ce n'est qu'en deuxième moitié d'année que l'embellie boursière pourra se poursuivre, selon lui.

L'étude des cycles boursiers pointe également vers une correction des Bourses durant le mois de mars, estime Ron Meisels, président de Phases&Cycles, qui se spécialise dans l'étude des cycles.

Les marchés boursiers évoluent selon plusieurs cycles dont le plus court est celui de 21 jours. Le plus récent de ces cycles courts aurait débuté le 2 mars, selon M. Meisels. Comme les trois premières séances de ce cycle ont vu les marchés baisser, il est probable que le cycle, une fois achevé, soit baissier. Cela permet d'anticiper durant les prochaines semaines une correction équivalente à un tiers jusqu'à une demie de l'amplitude de la hausse précédente. Cela ramènerait l'indice S&P500 entre 1320 et 1290, estime M. Meisels.

Au tour du Portugal

L'entente qui intervient entre la Grèce et ses créanciers a un impact positif sur les marchés obligataires de l'Italie et de l'Espagne, deux pays également aux prises avec des problèmes d'endettement.

Les prix de leurs obligations s'appréciaient hier et leurs taux de rendement étaient les plus bas depuis l'été dernier. Le taux des obligations de 10 ans de l'Italie s'établit maintenant à 4,76% et celui des titres de l'Espagne à 5,03%. Cela demeure quand même près de 3% de plus que le taux sur les obligations de même échéance de l'Allemagne.

La situation est toutefois beaucoup plus précaire au Portugal où les obligations de 2 ans offrent encore un rendement supérieur à 12%. Malgré l'optimisme du Fonds monétaire international et des dirigeants européens et portugais, le pays pourrait avoir lui aussi besoin d'un deuxième plan de sauvetage et d'une restructuration de sa dette, croit Alex Bellefleur de Brockhouse Cooper.

Il constate que la dernière ronde de prêts avec une échéance de 3 ans de la Banque centrale européenne (BCE) n'a eu aucun effet sur les taux des obligations portugaises. Pourtant, l'objectif de ces prêts à terme de la BCE est justement de fournir aux banques de tous les pays les liquidités nécessaires à supporter les dettes souveraines.

Cela met en doute la capacité du Portugal de refinancer sa dette sur les marchés à partir de 2013 comme le prévoit le plan de sauvetage dont elle bénéficie déjà.