Il y a à peine quatre mois, au plus fort de la crise européenne, l'indice S&P 500 touchait 1075 en milieu de séance avant de clôturer la journée à 1100. C'était le 6 octobre, et il n'avait fallu que deux mois pour que l'indice chute de 20%. La confiance des investisseurs était au plancher.

Mais à partir de ce jour, le renversement a été spectaculaire. L'indice est presque de retour à son sommet de l'été dernier, soit 1355. L'optimisme est revenu. Le plus récent sondage de l'American Association of Individuals Investors (AAII) mené mercredi dernier indique que 51,6% des investisseurs sondés croient que le marché sera plus haut dans six mois. Étant donné que la moyenne à long terme de cet indicateur est de 39%, le dernier résultat indique un optimisme très élevé. D'ailleurs, l'indicateur est à son plus haut niveau depuis un an.

Le consensus des prévisions pour l'indice à la fin de l'année est de 1350 à 1375. Nous y sommes presque déjà.

Cela signale-t-il que nous entrons dans une période où le risque devient disproportionné en fonction du rendement que l'on peut maintenant espérer?

Nul doute que les risques macroéconomiques et les incertitudes ne manquent pas. Il suffit de nommer la Grèce et l'euro, la Syrie, l'Iran, l'économie européenne, la reprise chinoise, l'endettement américain, ainsi que les élections en France et aux États-Unis.

Selon François Bourdon, chef adjoint des placements chez FieraSceptre, les marchés reflètent une meilleure situation en Europe et une embellie économique aux États-Unis, mais l'amélioration des conditions n'est pas suffisante pour justifier les niveaux boursiers que nous atteignons déjà. «La croissance économique américaine se limitera à 2% et, quant à la question européenne, les marchés réagissent beaucoup trop vite», dit-il. Les nouvelles devront continuer d'être très bonnes, sinon les marchés devront faire une pause.

Le dénouement en Europe est encore très difficile à prévoir, estime également François Dupuis, économiste en chef et stratège chez Desjardins. «Les problèmes structurels de plusieurs économies de la zone euro vont peser lourd dans un contexte où il faut absolument que la crise grecque ne s'étende pas à l'Espagne et à l'Italie», dit-il. Il craint qu'à ces niveaux-ci, le risque que courent les marchés soit élevé. «Il vaut mieux ne pas perdre de vue que le marché a fait un bond important en très peu de temps», dit le stratège de Desjardins.

Se méfier de la complaisance

Avec la hausse des marchés, la complaisance s'installe. Et un excès d'optimisme est souvent un mauvais conseiller lorsque vient le temps de prévoir les tendances boursières.

L'indicateur de volatilité VIX, calculé à partir du prix des options de l'indice S&P 500, demeure une bonne mesure du sentiment qui règne sur les marchés, croit Ismaël Chiadmi, directeur de l'analyse quantitative chez Montrusco Bolton. Actuellement, le VIX s'approche de 18, ce qui, pour lui, signale un degré de complaisance relativement élevé et place le marché en danger de reculer. À l'opposé, lorsque le VIX atteindra 28, on pourra croire que l'optimisme s'est résorbé et que le risque sera alors moins grand, selon lui.

Le sentiment des investisseurs a complètement changé au cours des derniers mois, note aussi Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale. «Mais attention, car le niveau du VIX dénote beaucoup de complaisance», ajoute-t-il également.

Un repli salutaire

L'état actuel des marchés suggère de plus en plus qu'une phase corrective devrait survenir en février, explique Ron Meisels, président de Phases&Cycles, firme de gestion spécialisée en analyse technique. «En rejoignant leurs sommets de 2012, les indices boursiers se heurtent maintenant à une zone de résistance importante», dit-il.

Dans ce contexte, un repli de 4 ou 5% aiderait les marchés à retrouver le tonus nécessaire pour poursuivre la poussée amorcée il y a quelques mois, selon lui. Car une fois cette correction faite, il croit que le fait que la plupart des indices boursiers soient au-dessus de leur moyenne mobile de 200 jours est de bon augure quant à la tendance pour les mois qui suivront.

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Pour en savoir plus

Visitez la série Éducation des investisseurs, rédigée par Jean Gagnon, à l'adresse https://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/portfolio/education-des-investisseurs.