Depuis la fin d'octobre, la Bourse canadienne connait une embellie de plus de 10% et la Bourse américaine, de 20%. Or, au même moment, les petits investisseurs canadiens ont retiré plus de 3 milliards de dollars de leurs fonds d'actions. Sont-ils en train -encore- de manquer le bateau?

Pour en savoir plus sur la Bourse, consultez notre série Éducation des investisseurs

Aux États-Unis, même constat. En janvier, les fonds d'actions ont connu des sorties de fonds de 1,6 milliard US. Ce n'est pas très élevé étant donné la taille du marché. Mais en même temps, les fonds d'obligations attiraient plus de 30 milliards US de nouvel argent. Ce sont pourtant les actions qui ont réalisé durant le mois le meilleur rendement, soit 7,5%, trois fois plus que les obligations.

Le phénomène n'est pas nouveau. Les individus sont reconnus pour être les derniers à reconnaître les tendances boursières.

Ils achètent généralement lorsque les marchés sont à leur sommet pour revendre lorsqu'ils approchent de leur creux.

La peur et l'avidité guident les marchés. Les individus manquent l'occasion d'acheter lorsque la peur domine et que les cours sont bas, mais ils sont enclins à investir lorsque l'avidité est devenue le sentiment dominant et que les marchés ont déjà beaucoup monté.

Les experts reconnaissent cette faiblesse des investisseurs individuels. Ils gardent un oeil sur ce que font les individus, car leur attitude constitue généralement un bon indicateur contraire. C'est ce qu'a expliqué hier Dennis Gartman, gestionnaire de hedge fund et auteur de la lettre financière The Gartman Letter en entrevue à CNBC. «Les gens ont peur d'investir, ce qui devrait nous inciter à être enthousiastes», résume-t-il.

Les gens dont les connaissances des marchés sont limitées auront tendance à investir dans les choses qui ont bien fait. Ils vont vers les titres et les catégories d'actifs qui ont obtenu de bons rendements récemment. Mais ils oublient de regarder la valeur, explique Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. Les marchés agissent souvent avec excès, à la hausse comme à la baisse. Ce qui a bien fait risque maintenant d'avoir une valorisation excessive. «Contrairement à ce que croient les particuliers, ce sont les catégories d'actifs qui n'ont pas bien fait qui offrent généralement les meilleures occasions», dit Marc Gagnon. À l'inverse, le risque réside dans ce qui a monté, non pas dans ce qui a baissé.

Un grand sentiment d'inconfort devant le risque s'est installé chez les individus à la suite l'implosion des marchés en 2008. Et ce sentiment persiste. Les ventes nettes de fonds d'actions ont totalisé plus de 10 milliards de dollars autant en 2011 qu'en 2010. Pourtant, les marchés ont connu leurs creux en mars 2009.

Perspectives des marchés

Les marchés boursiers vont-ils encore longtemps tromper les acheteurs de fonds communs en poursuivant leur embellie?

Plusieurs stratèges avaient émis l'opinion que le marché se heurterait à un mur lorsqu'il rejoindrait le sommet de 2011, soit 1356 points pour le S&P 500. Alors que l'on s'en approche, l'opinion de plusieurs n'est plus aussi tranchante.

Les actions de la Banque centrale européenne (BCE) ont changé la donne, explique Jean-René Adam, stratège chez Hexavest, firme de gestion de portefeuilles de Montréal. «Bien que nos objectifs à court terme aient été atteints, on laisse aller pour l'instant, car le marché pourrait prendre encore 4 ou 5%», dit-il.

Un changement de régime s'est effectué à la BCE avec l'arrivée de Mario Draghi à la présidence de l'institution à la place de Jean-Claude Trichet. Encore hier, tout en maintenant son taux directeur inchangé, la BCE a annoncé qu'elle allait accepter davantage de créances privées en garantie, ce qui constitue un nouvel assouplissement de sa politique. «Il y a tellement de liquidités sur les marchés qu'il vaut mieux ne pas se placer devant le train», dit M. Adam.

Même chez les gestionnaires de fonds professionnels, plusieurs ont été surpris par la hausse des marchés depuis octobre et leurs portefeuilles contiennent trop de titres défensifs et pas suffisamment de titres cycliques. Parce qu'ils voudront corriger ce déséquilibre, les marchés pourraient fort bien continuer de monter, pense Marc Gagnon.

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