NYSE Euronext-Deutsche Börse, Bourses de Singapour et de Sydney, de Londres et de Toronto, les échecs de rapprochement entre opérateurs boursiers se multiplient, ces projets de fusion se heurtant souvent à des obstacles politiques et aux principes de concurrence.

Le secteur n'a cessé de se consolider ces dernières années.

En 2007, l'américain NYSE et Euronext (Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne) finalisent leur fusion et la Bourse électronique Nasdaq avale l'opérateur nordique OMX. Les places financières Chicago Mercantile Exchange (CME) et New York Mercantile Exchange (Nymex) donnent naissance l'année suivante à un géant des marchés dérivés.

«Aujourd'hui, ces grosses opérations semblent plus délicates. On s'oriente plutôt vers des fusions entre entreprises de taille moyenne ou vers des prises de position dans certaines plates-formes boursières de pays émergents», estime Arnaud Giblat, analyste chez UBS.

Le sujet est délicat d'un point de vue politique.

«Les Bourses sont perçues comme des actifs nationaux. On a tendance à croire que si Singapour détient la Bourse de Sydney, elle va être amenée à réguler le marché australien, ce qui n'est pourtant pas le cas», souligne M. Giblat.

La tentative de rachat de la Bourse de Toronto par celle de Londres, le London Stock Exchange, avait ainsi réveillé le patriotisme des plus grandes banques canadiennes qui s'étaient vivement opposées à l'opération, contribuant à son échec en juin 2011.

Ces projets de rapprochement posent surtout des problèmes de concurrence.

La combinaison NYSE Euronext-Deutsche Börse aurait contrôlé plus de 90% du marché européen des produits dérivés. Et ce risque de position dominante a motivé le veto de Bruxelles.

Pour le directeur général adjoint de NYSE Euronext, Dominique Cerruti, il semble désormais «évident qu'il n'y aura pas, dans notre industrie, de nouveaux projets de fusion-acquisition de grande dimension en Europe compte tenu de ce signal fort envoyé par la Commission européenne».

Un constat que partage Sébastien Yousri, l'un des responsables des marchés chez Natixis, pour qui le refus de Bruxelles «crée un précédent juridique» qui fera hésiter les grands acteurs du secteur.

Les régulateurs, qui cherchent à susciter plus de concurrence dans le secteur en favorisant depuis 2007 l'essor de plates-formes alternatives (Bats, Chi-X, Turquoise...), se demandent aussi si la création de «méga-opérateurs» est dans l'intérêt de l'ensemble de leurs usagers.

«Plus l'entreprise est importante, plus elle préfèrera se concentrer sur de grosses capitalisations boursières, qui lui rapportent des commissions plus juteuses. Elle risque de beaucoup moins s'intéresser aux PME», souligne Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.

Le contexte est aussi délicat alors que le débat fait rage au sein de l'Union européenne sur la mise en place d'une taxe sur les transactions financières souhaitée par Paris.

«Il est difficile d'évaluer l'avenir des entreprises du secteur vu les incertitudes qui planent sur la création d'une telle taxe. Il semble donc risqué de se lancer dans un projet de fusion aujourd'hui», souligne Julien Puvilland chez Natixis.

Aux yeux des analystes, les tentatives de rapprochement entre acteurs plus modestes devraient pourtant être amenées à se poursuivre.

«Les plates-formes alternatives remportent des parts de marché non négligeables et entretiennent ainsi la concurrence. Ces groupes doivent donc s'étendre et faire des synergies pour perdurer», souligne Gaspard Bonin d'Equinox Consulting.

«Les revenus dégagés dans les pays occidentaux ne progressent plus et le développement est davantage à trouver en Asie et dans les pays émergents», explique-t-il.

La consolidation du secteur devrait aussi se poursuivre entre plates-formes alternatives.

L'opérateur BATS Global Markets a finalisé début décembre le rachat de Chi-X Europe.