Malmenés en 2011, les titres des sociétés de petites capitalisations ont entrepris l'année 2012 du bon pied. Alors que l'aversion pour le risque leur a beaucoup nui l'année dernière, une vague de consolidation pourrait maintenant favoriser cette classe d'actifs.

Les pertes subies sur les titres de petites capitalisations au Canada en 2011 ont été presque deux fois plus élevées que celles des grandes capitalisations. En effet, pendant que l'indice S&P/TSX 60 baissait de près de 9%, l'indice des petites capitalisations perdait plus de 16%.

Cela n'a rien de surprenant, explique Mark Pugsley, vice-président chez Investissements Standard Life. «Lorsque les marchés sont sous pression, les investisseurs se réfugient dans les titres de plus grande qualité», dit-il.

L'aversion pour le risque a été le facteur dominant sur les marchés boursiers l'an dernier, principalement en deuxième moitié d'année alors que la crise des dettes souveraines en Europe faisait rage. Les investisseurs fuyaient le secteur des ressources, expliquent Christian Cyr et Michael Quigley, gestionnaires chez Natcan, la filiale de gestion de portefeuilles de la Banque Nationale. L'indice des petites capitalisations de la Bourse de Toronto est composé de titres du secteur des ressources à hauteur de 65%.

De plus, les investisseurs n'en avaient que pour les titres versant de bons dividendes, selon les gestionnaires de Natcan. Les petites capitalisations sont les entreprises dont la capitalisation boursière est inférieure à 1,5 milliard. Ces entreprises sont souvent encore au stade du développement et ne versent généralement pas de dividendes.

Mais si les petites capitalisations souffrent le plus lorsque les marchés sont difficiles, l'inverse est aussi vrai. Lors de la reprise boursière à la suite du creux de mars 2009, les petites capitalisations ont bondi de 60% durant le reste de l'année. Et en 2010, elles se sont appréciées de 35%, soit deux fois plus que l'indice des grandes entreprises. «Pas de doute, au sortir d'une récession, les petites capitalisations battent les grosses de beaucoup», dit Mark Pugsley.

Les fusions et acquisitions

Le bon début d'année boursière que nous connaissons profite très bien aux petites capitalisations. L'indice est en hausse de 8,7% comparativement à 4,3% pour l'indice composé.

Lorsque les craintes des investisseurs se dissipent, ceux-ci veulent ajouter un peu de risque, explique Serge Pépin, directeur de BMO Fonds d'investissement. «C'est le phénomène auquel on assiste depuis le début de l'année», dit-il.

Les occasions ne manquent pas actuellement sur le marché des petites capitalisations. Plusieurs sociétés se négocient à peine à trois ou quatre fois les flux de trésorerie, principalement dans le secteur industriel. «Elles deviennent attrayantes pour les plus grosses entreprises qui y voient l'occasion de croître par acquisitions», dit Christian Cyr.

Plus tôt cette semaine, le fabricant de semi-conducteurs Gennum a accepté une offre amicale de 500 millions de Semtech, une société américaine dont les actions se négocient sur le Nasdaq. Depuis l'automne 2008, l'action de Gennum fluctuait entre 4 et 8$. Semtech a offert 13,55$, une prime de 125% sur le prix de clôture de la veille.

Bien qu'une vague de fusions et acquisitions puisse favoriser les petites capitalisations, l'évolution des Bourses en général sera le facteur qui dictera la tendance des titres de petites capitalisations en 2012. Ils n'échapperont pas au phénomène de corrélation entre les marchés. Tous les marchés fluctueront probablement dans la même direction.

Or, les avis sont partagés quant à la poursuite de l'embellie boursière amorcée en décembre à la suite de l'entente intervenue entre les pays européens pour gérer la crise des dettes souveraines. Les six premiers mois de l'année pourraient être plus difficiles, croit Serge Pépin. «C'est plutôt en deuxième moitié d'année que les marchés se porteront mieux et que les investisseurs se tourneront vers les petites capitalisations», dit-il.

L'indice S&P/TSX des petites capitalisations comprend plus de 250 titres. Toutes les grandes familles de fonds communs offrent des fonds de petites capitalisations. Les individus peuvent également investir dans l'indice lui-même grâce au fonds négocié en bourse dont le symbole est XCS.