L'année boursière s'amorce bien et plusieurs spécialistes croient que la tendance haussière va se poursuivre pendant encore un certain temps.

On assiste depuis le début de l'année à plusieurs revirements majeurs. Les Bourses montent grâce aux secteurs qui étaient les plus faibles jusqu'à tout récemment. En effet, à la Bourse de New York, l'indice S&P 500 gagne plus de 4%, propulsé principalement par le secteur des banques en hausse de 10% et celui des constructeurs de maisons qui s'est apprécié de 15%. Le S&P 500 est à son plut haut niveau depuis six mois.

Du côté européen, l'euro est en mode reprise boursière depuis trois jours et s'approche du niveau important de 1,30 au dollar américain. De plus, les obligations européennes se vendent bien malgré les décotes.

Deux facteurs soutiennent cette reprise boursière. D'abord, des chiffres économiques meilleurs aux États-Unis permettent de croire que la récession européenne qui s'amorce ne s'est pas encore propagée de ce côté-ci de l'Atlantique.

Mais aussi, les actions de la Banque centrale européenne (BCE) ont un effet positif sur les marchés. Par son discours, le président de la BCE décourageait il y a quelques mois les investisseurs en affirmant ne pas vouloir intervenir en rachetant les obligations des pays en difficulté. Mais cela n'a pas empêché l'adoption de quelques mesures, dont celle d'accorder des prêts aux banques avec des échéances pouvant aller jusqu'à trois ans. L'effet fut d'assurer la liquidité du système bancaire européen.

La hausse du marché pourrait très bien se poursuivre parce qu'elle s'alimentera maintenant de l'effet boule neige qui accompagne généralement des mouvements de marché qui n'avaient pas été tout à fait anticipés, explique Marc Gagnon, gestionnaire de portefeuilles à l'Industrielle Alliance. Lorsqu'on traverse des périodes difficiles comme celle que nous connaissons depuis l'été dernier, il est naturel que plusieurs gestionnaires soient positionnés de façon défensive. Mais plus le marché monte, plus ceux-ci sont à risque de réaliser des rendements inférieurs à ceux qui ont adopté une stratégie plus agressive. Bien que ces gestionnaires demeurent négatifs sur les perspectives à moyen terme, ils feront quand même des achats afin de diminuer ce risque. «C'est ce qui poussera probablement les marchés encore plus haut», dit M. Gagnon.

Les gestionnaires de fonds diversifiés font aussi face à un dilemme semblable. Leurs actifs sont répartis entre les obligations et les actions. Or, comme le rendement des obligations pourrait être très faible étant donné que les taux sont déjà très bas, la tentation est très forte actuellement de rediriger des fonds vers les actifs plus performants qui sont actuellement les actions. «Ainsi la hausse se nourrit d'elle-même», dit le gestionnaire de l'industrielle Alliance.

Effet temporaire

La hausse des marchés pourrait durer encore quelques semaines, ce qui permettrait des gains additionnels de 4 ou 5%, croit Jean-René Adam, chef des placements adjoint chez Hexavest. Les investisseurs qui étaient plutôt défensifs auront tendance à rééquilibrer leurs portefeuilles en achetant des actions, croit-il également.

Si cette hausse devait s'avérer, elle permettra à l'indice S&P 500 de regagner son sommet de 2011 à environ 1360 points. Mais cet effet positif sur les marchés pourrait bien n'être que temporaire. L'embellie économique aux États-Unis provient des dépenses des consommateurs et des investissements des entreprises. Mais ces dépenses de consommation ont été accompagnées d'une baisse de l'épargne, ce qui ne peut pas durer très longtemps. Quant aux investissements, les entreprises ont voulu profiter de l'amortissement accéléré que l'on permettait sur les investissements faits en 2011, explique le stratège d'Hexavest. Ces investissements seraient donc enclins à diminuer en 2012.

Du côté européen, le problème demeure entier. «Les programmes d'austérité pèseront sur l'économie et le problème des dettes va refaire surface», dit-il.

Pour l'instant, vaut mieux surveiller de près les indicateurs du sentiment des investisseurs, tels l'indice VIX et les différentes enquêtes de l'American Association of Individuals Investors. Dès qu'ils démontreront une forte complaisance des investisseurs face à la hausse des marchés, la reprise boursière pourrait fort bien s'arrêter brusquement.