Les investisseurs qui ont misé sur la Banque Royale au plus fort de la crise de la zone euro ont été bien récompensés. Depuis le 25 novembre, soit deux semaines avant le sommet de Bruxelles qui allait sceller l'entente quant au plan de sauvetage, le cours de l'action de la Banque Royale a bondi de 22%. Poursuivra-t-il sur cette lancée?

Pour comprendre la performance récente du titre, il faut regarder derrière et examiner les résultats des trimestres précédents, explique Carole Berthiaume, gestionnaire principal chez FieraSceptre.

Au deuxième et au troisième trimestres, les résultats des opérations de la banque sur les marchés des capitaux avaient été très décevants. Les bénéfices de 613 millions réalisés au premier trimestre sont tombés à 407 millions au deuxième trimestre et à 277 millions au troisième trimestre.

Ce secteur comprend toutes les opérations de contrepartie et de négociations de la banque pour son propre compte et celui de ses clients, aussi bien sur les marchés des obligations que ceux des actions, des devises étrangères et des produits dérivés. Ce secteur inclut également les activités de banque d'affaires, telles les fusions et les acquisitions, et les opérations de courtage. Compte tenu de sa taille et de son rayonnement international, la Banque Royale mise beaucoup sur ce secteur d'activités.

La baisse marquée des bénéfices du secteur a eu un double effet. D'abord de faire de chuter le titre, mais aussi d'annihiler presque entièrement les attentes des investisseurs pour le quatrième trimestre, explique Mme Berthiaume. Pour mesurer l'ampleur du mécontentement, il suffit de constater que le titre, qui avait touché un sommet de 52 semaines le 9 mars à 61,53$, ne valait plus que 43,30$ le 25 novembre.

Mais voilà que les résultats du quatrième trimestre publiés le 2 décembre n'ont pas été aussi mauvais que prévu. Le secteur des marchés des capitaux a rapporté un bénéfice de 278 millions, soit sensiblement le même qu'au trimestre précédent, et ce malgré une conjoncture macroéconomique extrêmement difficile. Les attentes étaient si basses que ces résultats ont été perçus comme une bonne nouvelle.

Gare à l'emballement

La capacité de la Banque Royale de réaliser des bénéfices sur les marchés des capitaux serait meilleure que jamais. Elle a profité de la crise que vivait l'ensemble du système bancaire pour bâtir des équipes de spécialistes par des embauches chez ses concurrents plutôt que par des acquisitions qui auraient été beaucoup plus dispendieuses.

Mais la conjoncture économique demeurera difficile, craint Carole Berthiaume. Pour 2012, la croissance des bénéfices des banques risque de ne pas excéder 5%, selon elle.

Au cours actuel, le titre de la Banque Royale se négocie à environ 11 fois les bénéfices de 2012, une évaluation très raisonnable étant donné que le rendement du dividende est légèrement supérieur à 4%. Et comme les données économiques récentes au Canada et aux États-Unis s'améliorent, le risque à la baisse n'est pas trop élevé. Le titre est donc attrayant, mais pour les investisseurs aux attentes modérées, croit la gestionnaire de FieraSceptre.

Et qui sait, si la conjoncture macroéconomique devenait soudainement plus propice, les profits de la Banque Royale pourraient bondir grâce à ses activités sur les marchés des capitaux.

Attendre l'occasion

Compte tenu de la remontée rapide du titre, Dennis Mark, analyste technique chez Financière Banque Nationale, croit que les investisseurs gagneraient à être patients. C'est qu'ils auront probablement l'occasion, au cours des prochaines semaines, d'acheter le titre à un prix inférieur à celui d'aujourd'hui.

Il est encourageant de voir que la remontée du titre le place maintenant au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours. Mais il devrait maintenant se heurter à beaucoup de résistance, craint l'analyste. «Je m'attends plutôt à ce que le titre se replie quelque peu et teste ses niveaux de support», dit-il. Le premier niveau de support se situe à 50,50$, selon lui. S'il ne parvient pas à freiner le repli, les supports suivants sont à 48$ et à 44$. «Ces niveaux pourraient se révéler de bons points d'entrée pour les investisseurs patients», ajoute l'analyste.