Ciel dégagé. Vent favorable. La Bourse avait pourtant connu un bon décollage en 2011, affichant même des gains de 6% au début du mois d'avril. Puis l'orage s'est levé. Durant l'été, les investisseurs sont entrés dans une zone de turbulence extrême. Après un piqué de plus de 20%, la Bourse canadienne a terminé l'année en baisse de 11%.

Nul doute, 2011 aura été marquée par les problèmes de finances publiques: le feuilleton entourant le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis, ainsi que la contagion de la crise en Europe.

«La remise en question des dettes souveraines, qui étaient considérées comme une catégorie d'actifs sans risque, a provoqué un tremblement de terre sur les marchés financiers», dit Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Banque Nationale.

Les investisseurs avaient déjà vu des pays émergents incapables de rembourser leurs dettes. Mais un pays de l'OCDE, jamais.

«La crise de la zone euro a miné la confiance des investisseurs, ajoute Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. Le sentiment du marché s'est effondré.» On peut le jauger à l'aide des ratios cours-bénéfices qui ont baissé de 20% cette année.

Au début de 2011, les investisseurs étaient prêts à payer 14 fois les bénéfices des sociétés de la Bourse canadienne. À la fin de 2011, les actions ne s'échangent plus qu'à 11 fois les bénéfices.

La volatilité boursière est restée élevée très longtemps en raison de l'incertitude politique.

Tant aux États-Unis qu'en Europe, les politiciens n'ont pas réussi à établir un plan d'attaque convaincant.

«On sait tous qu'il faudra changer les programmes. Tout est sur la table. Mais on ne connaît pas encore les règles du jeu», déplore M. Marion.

Avec la campagne présidentielle américaine qui s'annonce acrimonieuse, l'incertitude politique et la volatilité boursière resteront sur le radar en 2012. Pour les investisseurs, il y a une leçon à retenir: «Il ne faut pas se gêner pour être plus tactique et encaisser des profits quand on a fait un bout de chemin», conseille M. Marion.

Quand on se compare...

Avec une baisse de 11 % de l'indice S&P/TSX composé de la Bourse de Toronto, les investisseurs canadiens ne sont pas les plus mal en point.

En Europe, les dommages sont bien plus lourds. L'Allemagne a perdu 15 %, la France a 17 % et la Grèce... 52%.

Mais la chute a été encore plus brutale dans les pays émergents qui ont subi les contrecoups d'une politique monétaire restrictive, visant à contenir la croissance économique et l'inflation.

«La Chine avait les deux pieds sur le frein depuis un an et demi. Maintenant, elle tente de limiter les dégâts», explique M. Delisle.

Ce coup de frein a eu un impact important à la Bourse. En 2011, l'indice Shanghai SE de la Bourse chinoise a plongé de 22%. Au Brésil, l'indice Bovespa a baissé de 18%.

De leur côté, les États-Unis s'en sortent indemnes. L'indice S&P 500 des plus grandes sociétés de la Bourse américaine a terminé l'année au point mort, tandis que la moyenne Dow Jones des 30 Blue Chips américains a gagné 5,5 %.

«L'économie américaine, qui est censée tomber en récession tous les trois mois, a répondu aux attentes et termine 2011 sur un bel élan, dit M. Delisle. Depuis quatre mois, nous sommes mitraillés de statistiques économiques meilleures que prévu en provenance des États-Unis.»

Les Américains vont terminer l'année avec une création d'emploi de 1,8 million dans le secteur privé. Les demandes d'assurance chômage ont baissé à leur plus bas niveau depuis la crise. Les mises en chantier vont bon train...

L'art de la diversification

Malgré la baisse généralisée de la Bourse canadienne, les investisseurs qui ont diversifié leur portefeuille auront probablement sauvé les meubles en 2011.

Ensuite, tous ceux qui ont investi à l'extérieur du Canada ont bénéficié de l'appréciation des devises étrangères face au dollar canadien. Souvent perçu comme une pétrodevise, le huard s'est replié face à toutes les grandes devises en 2011.

Mais surtout, les épargnants canadiens ont profité de la poussée des obligations. Grâce aux finances publiques enviables du Canada, les obligations gouvernementales qui ont servi de refuge aux investisseurs apeurés par la crise des dettes souveraines.

En décembre, le taux d'intérêt sur les obligations canadiennes de 10 ans a baissé jusqu'à un plancher historique de 1,82 %. Lorsque les taux baissent, la valeur des obligations s'envole. En 2011, ces obligations ont donc offert un spectaculaire rendement total de 11 %.

De quoi faire contrepoids à la chute des actions.