Les prix de l'or et du pétrole ont perdu 5% mercredi. Et la baisse se poursuivait hier, les deux commodités perdant plus de 1%. Si la chose ne surprend pas en ce qui concerne le prix de l'or, qui nous a habitués à de fortes baisses au cours des derniers mois, c'est une tout autre histoire pour le prix du pétrole, qui s'était apprécié de 25% au cours des deux derniers mois.

Si les prix de l'or et du pétrole ont tous les deux chuté si rapidement mercredi, c'est que le cours de l'euro s'est retrouvé en deçà du niveau psychologique de 1,30 au dollar américain, explique Ismaël Chiadmi, directeur de l'analyse quantitative chez Montrusco Bolton. Et les perspectives sont que l'euro va continuer de baisser.

Les craintes concernant la crise européenne ne s'estompent pas. «La France sera décotée d'ici quelques jours», prédit M. Chiadmi. Le changement de ton, autant de Nicolas Sarkozy que d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, indique que l'on se prépare à une telle annonce. «Ce ne serait pas une bonne nouvelle, bien sûr, mais ce ne serait pas non plus un cataclysme», a déclaré mercredi Alain Juppé, tentant probablement de désamorcer la bombe qui se prépare à éclater. Il y a à peine quelques semaines, le président Sarkozy disait pourtant qu'une décote de la France serait une catastrophe, rappelle M. Chiadmi.

L'or pourrait encore baisser

Très volatil depuis l'éclatement de la crise européenne l'été dernier, le prix de l'or se retrouve aujourd'hui au même niveau qu'en juillet. Il a touché un sommet historique de 1916$US au mois d'août.

À court terme, étant donné la situation fragile de l'euro, il faut être prudent en ce qui concerne le prix de l'or, explique Mathieu D'Anjou, économiste chez Desjardins. Sur les marchés des devises, la fuite vers le dollar américain pourrait se poursuivre et, comme le prix de l'or est inversement corrélé au dollar, il continuera de faiblir.

Par ailleurs, le contexte pourrait être favorable à une remontée du prix de l'or en 2012, croit l'économiste. «La croissance économique risque d'être anémique et les taux d'intérêt devraient demeurer très bas», dit-il.

Mais cette hausse sera limitée. Ce qui pourrait vraiment pousser le prix de l'or fortement à la hausse, c'est que les craintes concernant les dettes souveraines se déplacent vers les États-Unis. Cela causerait une forte chute du dollar et, conséquemment, une hausse appréciable du prix de l'or. Mais pour Desjardins, ce n'est pas le scénario le plus probable. On prévoit plutôt que le prix de l'or clôturera l'année 2012 sensiblement au même niveau qu'aujourd'hui.

La faiblesse actuelle du prix de l'or s'explique aussi par les ventes de fin d'année. «Il ne faut pas oublier que l'or est une classe d'actifs par elle-même», rappelle Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale. Et c'est une des seules, avec les obligations, qui présentent un rendement positif pour l'année. Toutes les autres sont à perte. Les gestionnaires vendent donc une partie de leur or afin d'encaisser des profits pour leur bilan de fin d'année.

Le pétrole, une dynamique différente

Bien que la baisse de l'euro soit un facteur important, la chute du prix du pétrole depuis son sommet de 105$US en novembre est aussi attribuable à une baisse de la demande, explique Daniel Lavoie, gestionnaire de portefeuille adjoint chez Fiera Sceptre. Pour la période de quatre semaines terminée le 9 décembre, la demande a chuté de 5,6% comparativement à la même période l'année dernière, selon les chiffres du département américain de l'Énergie. Pour la gazoline, c'est 4,5% de moins qu'en 2010.

Malgré cette demande à la baisse, l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) annonce qu'elle maintiendra ses quotas de production. Avec le retour des exportations libyennes, l'offre ne diminuera pas.

Malgré un prix du pétrole près de 100$US, les titres énergétiques canadiens ont été ravagés cette année. L'indice S&P/TSX Énergie perd plus de 13% depuis le début de l'année. Et la remontée pourrait se faire attendre. «Tant que nous serons pris dans la tourmente de la crise européenne, aucun gestionnaire ne voudra ajouter de risque à son portefeuille», ajoute M. Lavoie.

Aux Études économiques de Desjardins, on prévoit un prix moyen de 87$US pour le pétrole en 2012.