Retard du lancement du BlackBerry 10, échec de la tablette PlayBook, refus de sang neuf à la tête du groupe: l'avenir de Research in Motion (RIM) apparaît plus incertain que jamais aux analystes au vu de ses derniers résultats.

Au lendemain de la publication d'un bénéfice net de 265 millions de dollars lors du troisième trimestre de son exercice décalé clos le 26 novembre, un peu supérieur à des attentes très basses, le marché a retenu trois facteurs négatifs pour l'avenir de RIM.

D'abord, le groupe canadien table maintenant sur des bénéfices et un chiffre d'affaires nettement inférieurs aux attentes des analystes pour le reste de l'exercice.

En outre, ses dirigeants ont annoncé au cours d'une conférence avec les analystes le report jusque vers la fin de l'année prochaine du lancement de la gamme BlackBerry 10 qui doit s'appuyer sur le nouveau système opérationnel QNX.

Enfin, les deux co-PDG de RIM, Jim Balsillie et Mike Lazaridis, même s'ils ont indiqué aux analystes qu'ils ne recevraient désormais qu'un salaire d'un dollar symbolique, refusent apparemment de modifier le modèle bicéphale de la direction pour y introduire de nouveaux managers, comme le réclament certains actionnaires.

Vendredi matin, l'action de RIM chutait de 11% à la Bourse de Toronto et sur le NASDAQ à New York.

«Une déception après l'autre», résume pour l'AFP Keith Farrant, gestionnaire du fonds canadien Claret. Il refuse de se prononcer sur l'avenir de RIM, tout en estimant que «quand cela commence à dégringoler comme cela, la tendance est difficile à arrêter».

Pour lui, la question essentielle est de savoir quand arrivera le BlackBerry 10 - annoncé d'abord pour Noël 2011, puis pour le premier trimestre 2012 -, car «plus on tarde et plus on perd de parts de marchés» et plus la campagne de marketing pour les regagner coûte cher.

L'annonce par les deux patrons de RIM de la réduction de leur salaire à un dollar «ne veut rien dire», dit encore M. Farrant. «C'est du sang neuf qu'il leur faut», mais «comme ils contrôlent autour de 10% du capital et qu'ils n'en veulent pas...»

Un autre analyste canadien, Carl Simard, président de la société de gestion de portefeuille Medici, parle d'une «descente aux enfers», tout en reconnaissant que les chiffres du 3e trimestre «ne sont pas si mauvais que cela».

«Leur modèle d'affaires est dépassé», dit-il à l'AFP. «Ils se croient capables de rivaliser avec Apple», alors qu'ils ont «déjà perdu»: leurs liquidités ont fondu de 9 milliards de dollars à 1,4 milliard, alors que celles d'Apple se montent à 85 milliards et continuent de croître.

La croissance de RIM, ajoute-t-il, est «stagnante», alors que celle du marché est de 50%, et leur part de marché aux Etats-Unis, essentielle pour le secteur des smartphones, «est tombée de 25% à 8 ou 9% en un an».

Il pense que RIM devrait «se délester de ses activités manufacturières» autrement dit de la fabrication de téléphones pour se concentrer sur les logiciels et la clientèle d'affaires.

Les analystes américains, eux, affichent des opinions contrastées. Si le site 247WallSt.com affirme que RIM est «presque inexistant» face à Apple et Google et qu'il ne faut plus parler de fabricant de «téléphone intelligent» (smartphone) mais de «téléphone bête» (dumbphone), Barry Richards, de Paradigm Capital, relève, lui, «nombre d'éléments positifs»: la croissance de la clientèle (à 75 millions, contre 70 millions au trimestre précédent), une marge d'autofinancement positive et l'absence d'endettement.

Ehud Golblum, de Morgan Stanley, décèle un «changement positif» dans le ton des managers, mais il pense qu'il risque d'arriver trop tard, compte tenu des risques pesant sur une potentielle modification du modèle d'affaires qui «ne sera pas évidente avant neuf ou douze mois».

Trop agressive ?

La direction de Research in Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]] a été trop agressive ou trop ambitieuse toute l'année en fixant ses objectifs, estiment plusieurs analystes.

La compagnie de Waterloo est encore très rentable, mais les analystes sont en majorité plutôt négatifs dans leurs commentaires au lendemain de la présentation des résultats.

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Ce midi, le titre de Research In Motion est sévèrement malmené sur les marchés. Les investisseurs sont déçus par les derniers résultats du fabricant du BlackBerry et par ses prévisions de ventes et de profits dévoilés après la fermeture jeudi.

Research In Motion perd plus de 11% à Toronto

Par ailleurs, certains posent désormais la question suivante: la direction de Research in Motion pourrait-elle cesser de publier des prévisions? Ce ne serait pas une mauvaise décision, selon l'analyste Colin Gillis, chez BGC Partners.

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