À part l'indice S&P/TSX qui a perdu 90 points, ce fut le calme plat jeudi sur les marchés américains. Tous les indices boursiers, ainsi que les prix de l'or et du pétrole, ont clôturé à peu près inchangés. Les Bourses européennes ont quant à elles essuyé de légères pertes.

Au Canada, les banques TD et CIBC ont entamé la ronde des résultats du quatrième trimestre. La rentabilité des prêts commerciaux et aux particuliers a été à la baisse en raison des faibles taux d'intérêt, et les titres ont été quelque peu malmenés, la TD perdant 2,1% et la CIBC 1,2%.

Toutefois, ce calme ne peut faire oublier la volatilité récente des marchés boursiers. Après sept séances consécutives à la baisse qui ont fait perdre 8% à l'indice S&P 500 la semaine dernière, il n'a fallu que trois jours, avant la séance d'hier, pour que l'indice regagne plus de 7%. Ce scénario qui se répète depuis quatre mois a de quoi donner le vertige aux investisseurs.

La volatilité a certes été exacerbée par la crise des dettes souveraines en Europe. En effet, l'indice S&P 500 a fluctué en moyenne de 1,7% chaque jour depuis quatre mois, selon des données fournies par l'agence Bloomberg. C'est le double de la volatilité moyenne que l'on connaissait avant la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008.

Par ailleurs, malgré cette volatilité, le S&P 500 est au même niveau aujourd'hui qu'il ne l'était il y a quatre mois alors que la crise grecque frappait de plein fouet. Comment l'expliquer? «D'un côté, les zones de support sont très fragiles et se font enfoncées facilement à chaque mauvaise nouvelle, mais, de l'autre, la peur des investisseurs de rater les rebonds redonne régulièrement un nouveau souffle au marché» dit Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale.

Si les marchés rebondissent après chaque baisse significative, c'est aussi parce que les acheteurs fondamentaux, soit les grandes caisses de retraite et les gros fonds, croient que les actions sont attrayantes, explique Jean-Luc Landry, président et gestionnaire de portefeuilles chez Landry Morin. Les bilans financiers des sociétés sont solides, les dividendes sont élevés, et aucun autre marché n'offre de meilleures possibilités que celui des actions, selon lui. À chaque baisse importante, ils en profitent pour faire le plein.

Par ailleurs, si la volatilité est aussi élevée, c'est que nous sommes pour l'instant entre les mains des politiciens, et non des experts des banques centrales, croit M. Landry. Les gestionnaires des grandes caisses de retraite l'ont compris. Et ils ont les moyens et la patience de faire face à la situation. Mais pour les investisseurs individuels, c'est autre chose. Bien que le marché réussisse chaque fois à se remettre de ses dégringolades depuis quatre mois, leur inquiétude est de plus ne plus palpable, constate M. Landry. «Ils sont fatigués de voir continuellement leurs espoirs de gains boursiers ne pas se concrétiser», dit-il.

Il ne faut pas s'en étonner, car la crise européenne a tellement fait augmenter la volatilité qu'elle a même fait fuir certains hedge funds. En effet, une étude de Mary Ann Bartels, analyste chez Bank of America Merrill Lynch, révèle que l'exposition nette des hedge funds aux marchés boursiers a chuté de 38% depuis 2009.

Prévoir des marchés à la baisse

Les marchés boursiers demeureront sous pression et cette volatilité persistera, croit Larry Berman, associé et chef des investissements chez ETF Capital Management. «Les gouvernements de par le monde croient qu'en inondant les économies de liquidités, ils relanceront la croissance économique», dit-il. Mais ce ne sera pas le cas. Le vieillissement de la population et des niveaux d'endettement insoutenables font que la situation économique actuelle est très différente de celle des cycles précédents, selon lui.

Cela n'empêchera pas les marchés de connaître de bonnes reprises à la hausse lorsque la perception que les choses s'améliorent prendra le dessus. Ces reprises fourniront de bonnes occasions sur les marchés. Mais chaque fois, elles pourraient être de courte durée.

Pour faire face à une telle volatilité, les investisseurs devront être opportunistes. D'abord, en s'assurant d'avoir une répartition d'actifs adéquate. Puis, en sélectionnant les bons secteurs et en n'hésitant pas à modifier le portefeuille au gré de l'évolution de l'économie. Enfin, en mettant l'accent sur la préservation du capital.

Mais aussi, ils devraient garder à l'esprit que sur un horizon de trois à cinq ans, le meilleur choix sera probablement les actions, ajoute Jean-Luc Landry.