La crise des dettes souveraines en Europe a ébranlé les parquets boursiers aux quatre coins du monde en 2011. Mais le Québec a réussi à limiter les dégâts.

L'Indice Québec (IQ-30) des 30 plus grandes sociétés québécoises en Bourse a reculé de seulement 6% depuis 12 mois, une des meilleures performances parmi les provinces canadiennes.

Seul l'Indice Atlantique s'en tire mieux (-4%). Mais l'Ouest a beaucoup souffert du ressac des ressources naturelles. Et l'Ontario a subi le revers des sociétés financières.

«Le Québec est moins orienté vers les ressources naturelles. Et on y trouve plusieurs sociétés extrêmement stables et solides», constate Pete Jackson, gestionnaire d'actions canadiennes pour la société de gestion de fortune Cumberland Private Wealth Management.

En fait, plusieurs gros canons de la Bourse québécoise évoluent dans des secteurs défensifs qui sont moins influencés par les aléas de l'économie. C'est le cas du géant des télécommunications BCE, dont l'action est en hausse de près de 12% en 2011.

Dans la consommation stable, Alimentation Couche-Tard et Metro ont grimpé de presque 10%, tandis que le Groupe Jean-Coutu a bondi de plus de 30% malgré le marché baissier.

Même dans la consommation discrétionnaire, un secteur plus sensible à l'humeur des consommateurs, certains titres québécois s'en sortent avec brio, comme Dollarama (+30%) et Cogeco Câble (+20%).

Québécoises moins volatiles

Depuis l'été dernier, M. Jackson a investi dans plusieurs sociétés québécoises, question de réduire la volatilité de son portefeuille.

«Plusieurs sociétés québécoises sont gérées par des équipes solides, en place depuis longtemps. Elles ont une position dominante dans leur industrie et une marque de commerce reconnue. Elles génèrent des fonds autogénérés élevés et offrent de bons dividendes», résume le gestionnaire.

En septembre dernier, il a fait le plein d'Alimentation Couche-Tard. Récemment, le réseau de dépanneurs s'est lancé dans la restauration rapide, un segment qui sera encore plus rentable. «Nous croyons que cela augmentera significativement ses ventes et ses marges bénéficiaires. Et comme l'entreprise génère beaucoup de cash-flows, elle parviendra à déployer ce nouveau concept, sans avoir à se financer sur les marchés des capitaux», explique M. Jackson qui voit le titre à 40$ d'ici de 12 à 18 mois (29,30$ hier).

Il cite aussi Transcontinental. L'imprimeur a investi 700 millions de dollars depuis trois ans pour moderniser ses installations et réduire ses coûts de production. «Maintenant, c'est derrière. Ils vont générer d'excellents cash-flows. Et le dividende, qui est déjà à 4,5%, devrait augmenter en 2012», prédit M. Jackson.

Bien sûr, l'imprimeur subira les contrecoups de la migration de l'information vers l'internet et les tablettes numériques. «Mais jusqu'ici, ils ont été capables de contrer ce déclin en gagnant des parts de marché et en réalisant des acquisitions», dit le gestionnaire. Selon lui, l'action pourrait dépasser 20$ (11,95$ hier).

Il détient aussi des actions du Groupe CGI. L'an dernier, le consultant en informatique a acquis la société américaine Stanley, un chef de file dans les services informatiques auprès des gouvernements. «Cela a ouvert une nouvelle avenue de croissance», dit M. Jackson.

Cette année, l'action de CGI a grimpé de 8% alors que le marché fondait de 15%, ce qui a incité M. Jackson à réduire sa position. Mais il reste très optimiste pour le titre qui pourrait atteindre 26 à 28$ (18,75$ hier).

Enfin, le gestionnaire a acheté la semaine dernière des actions du Groupe SNC-Lavalin. La société d'ingénierie compte beaucoup de projets d'infrastructure gouvernementaux assez stables, mais elle est aussi un fournisseur important dans le secteur minier. C'est pourquoi son titre a faibli cette année, en tandem avec les titres de ressources. «C'est l'occasion d'acheter une société de calibre mondial, à un multiple qui a rarement été aussi bas», dit M. Jackson.

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LA BOURSE PAR PROVINCE

Indice Atlantique - 4%

Indice Québec - 6%

Indice Colombie-Britannique - 8%

Indice Alberta - 8%

Indice Prairies - 23%

Indice Ontario - 14%

NB: Performance boursière des 12 derniers mois.

Source: Centre d'analyse et de suivi de l'indice Québec