Il n'aura suffi que d'une nouvelle, même aussitôt démentie, pour raviver l'espoir d'un règlement de la crise européenne et relancer les bourses.

En effet, les indices français et allemand ont bondi de près de 5% dès l'ouverture des marchés hier, encouragés par un article du journal italien La Stampa. On y faisait état de l'annonce prochaine d'un prêt par le Fonds monétaire international (FMI) qui assurera le renouvellement de la dette italienne. Le FMI a aussitôt démenti l'existence d'une telle entente.

Les marchés nord-américains, encouragés par une reprise des ventes au détail, ont également emboîté le pas avec des hausses de près de 3% aux États-Unis et de près de 2% au Canada.

Mais combien de temps durera ce nouvel engouement? Sommes-nous plus près d'un règlement de la crise des dettes souveraines en Europe que la semaine dernière? Pas vraiment, selon François Bourdon, chef adjoint des placements chez Fiera Sceptre. «Les politiciens ont la fâcheuse habitude d'agir uniquement lorsqu'il est minuit moins une et qu'ils n'ont plus le choix», dit-il. M. Bourdon croit que nous sommes plus près de 11 heures que de minuit. Conséquemment, Fiera Sceptre sous-pondère les actions dans ses portefeuilles depuis le 11 novembre.

La situation actuelle rappelle celle qui prévalait à la fin du mois de septembre, ajoute Marc Christopher Lavoie, expert des marchés européens chez Hexavest. «Les politiciens alarmés par l'ampleur du problème avaient alors suscité l'espoir qu'ils allaient mettre en place le plan qui sauverait la Grèce de la faillite et qui éviterait une implosion de la zone euro», rappelle-t-il. L'indice S&P 500 avait alors grimpé de 18% durant le mois d'octobre. Mais il a reperdu plus de la moitié de ces gains en novembre lorsque les investisseurs ont constaté l'absence de mesures concrètes.

Les dirigeants européens pourraient saisir plusieurs occasions au cours des deux prochaines semaines pour jeter les bases d'une solution à la crise. D'abord, les ministres des Finances de l'Union européenne et de la zone euro se réunissent aujourd'hui et demain pour faire le point. Puis, le jeudi 8 décembre, une réunion avait lieu à la Banque centrale européenne pour débattre de politique monétaire et d'interventions sur les marchés des obligations. Finalement, le 9 décembre se tiendra le Sommet de l'Union économique européenne où il sera question notamment d'intégration fiscale.

Rebond technique

Si les marchés ont si bien réagi hier, c'est que les conditions techniques préalables à un rebond étaient réunies, explique Ron Meisels, président de Phases&Cycles, une firme de gestion spécialisée en analyse technique. «Tout indiquait que les marchés étaient survendus», dit-il.

D'abord, l'indice S&P 500, comme plusieurs autres, avait baissé durant les sept séances présentes, perdant 8%. Le sentiment des investisseurs était devenu si négatif qu'un changement de direction pouvait se produire à tout moment. C'est lorsque tous les investisseurs penchent tous du même côté que les changements de direction en bourse se produisent.

De plus, le congé de Thanksgiving aux Etats-Unis a créé une situation particulière puisque le marché boursier américain était fermé pendant quatre jours consécutifs. Les investisseurs très actifs et les hedge funds ne veulent généralement pas conserver de positions spéculatives durant une aussi longue période d'inactivité. Trop d'éléments inattendus peuvent survenir. Ils ont donc vendu massivement mercredi dernier comme l'indique la chute de 26 points de l'indice durant cette journée. Plusieurs d'entre eux se sont empressés d'acheter dès l'ouverture hier afin de rétablir leurs positions.

Enfin, l'ouverture vigoureuse des marchés hier matin a probablement incité les investisseurs qui possédaient des positions à découvert à se couvrir, ajoute Jean Soublière, président de la Fédération Actif.

Généralement, un état survendu ne se corrige pas en une seule journée, souligne Ron Meisels. On peut donc espérer que les marchés conserveront un ton positif pendant quelque temps.

Cela permettra-t-il au rebond de se poursuivre et d'effacer les pertes accumulées depuis le début de l'année? Tout dépendra des politiciens européens. S'ils croient qu'il est enfin minuit moins une, l'espoir est permis.