Bank of America n'est pas près de hausser son dividende ou de racheter ses actions. La deuxième banque américaine doit plutôt se préparer à affronter le pire des scénarios.

La Réserve fédérale a annoncé mardi que les 31 plus grosses banques américaines devront se soumettre à un test de solvabilité des plus sévères au cours des prochains mois. Les résultats seront connus au mois de mars.

Le test vise à établir si ces banques ont les capitaux suffisants pour faire face à une récession qui se chiffrerait par un recul du PIB de 8%, une augmentation du taux de chômage à 13% et une chute du prix des maisons de 21%.

Comme la crise européenne est au premier plan de la scène économique, les tests examineront aussi l'impact sur les portefeuilles d'investissements des banques advenant que les marchés boursiers s'écroulent comme ils l'avaient fait en 2008. La Fed publiera les résultats de ce scénario catastrophe sur les portefeuilles de six institutions, soit Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley et Wells Fargo.

Les grandes banques américaines n'ont pas été les favorites des investisseurs au cours de la dernière année. L'indice des banques KBW est en baisse de 31% depuis janvier. De 15$ qu'elle valait en début d'année, l'action de Bank of America ne vaut plus que 5$. Les dirigeants de la banque ont exprimé leur désir d'augmenter le dividende plus tôt cette année, mais ils ont abandonné l'idée depuis.

La contre-performance de Bank of America [[|ticker sym='BAC'|]] n'étonne pas Valérie Cecchini, gestionnaire de portefeuilles chez Investissements Standard Life. «Elle est la banque la moins bien positionnée», dit-elle. Son portefeuille d'actifs compte toujours beaucoup de titres risqués, et les dirigeants semblent éprouver de la difficulté à déterminer quels sont les secteurs qu'ils doivent privilégier. De plus, l'acquisition de Merrill Lynch, le jour même de la faillite de Lehman Brothers en 2008, a compliqué la restructuration de l'entreprise, constate la gestionnaire. Enfin, elle se questionne sur la capacité de générer des bénéfices de la banque. Les bénéfices de 2011 avoisineront zéro, selon le consensus des analystes.

Chose certaine, l'annonce de ces tests élimine la possibilité que Bank of America retourne du capital aux investisseurs sous forme de dividendes ou de rachats d'actions en 2012, conclut Mme Cecchini.

Les tests de 2009

Des tests de solvabilité avaient également été menés en 2009. Ils avaient permis de déterminer les besoins en capitaux de chaque banque. À l'époque, l'exercice avait rassuré les marchés, rappelle Peter Routledge, analyste à la Financière Banque Nationale. Les titres bancaires avaient même connu un ralliement à la suite des résultats.

En sera-t-il de même cette fois-ci? Certaines banques pourraient devoir augmenter leurs capitaux, ce qui serait négatif à court terme pour ces titres, mais positif à long terme, selon l'analyste. Mais en fin de compte, tout dépendra de l'évolution de la situation européenne. «Ce facteur pourrait entraîner une baisse encore plus forte des titres des banques des deux côtés du 49e parallèle», dit l'analyste.

Warren Buffett soutient Bank of America

Warren Buffett a aidé à regarnir le capital de Bank of America le 25 août en investissant 5 milliards sous forme d'actions privilégiées dotées d'un dividende de 6%. Au même moment, l'Oracle d'Omaha recevait des warrants (droits d'achat) lui permettant d'acheter en tout temps au cours des 10 prochaines années 700 millions d'actions ordinaires de la banque à un prix de 7,14$.

Rappelons que Warren Buffett a effectué une transaction similaire avec Goldman Sachs le 24 septembre 2008 en plein coeur de la crise financière qui avait emporté Lehman Brothers 10 jours plus tôt et forcé Merrill Lynch à fusionner avec Bank of America. La transaction s'est avérée très profitable. Pendant deux ans et demi, jusqu'à ce que Goldman Sachs rachète les actions privilégiées, Buffett a reçu un dividende de 10% sur les 5 milliards d'actions privilégiées. De plus, la transaction comportait des warrants permettant d'acheter des actions ordinaires de Goldman Sachs à 115$. Un an plus tard, l'action de Goldman Sachs touchait 190$. Toutefois, le cours du titre est maintenant retombé à 87$.