Les marchés financiers restaient très nerveux jeudi peu avant l'ouverture du G20 à Cannes, entre espoir de la non tenue du référendum en Grèce, spéculations sur une sortie d'Athènes de la zone euro et tensions sur la dette italienne.

Après avoir ouvert en net repli, les Bourses européennes repassaient dans le vert en fin de matinée. Vers 8h30 (heure de Montréal), la Bourse de Paris gagnait 2,46%, Francfort 1,90%, Madrid 1,34%, Londres 0,46% et Milan de 2,41%.

Les places financières du Vieux Continent semblaient croire à des rumeurs de salles de marché selon lesquelles le référendum en Grèce pourrait ne pas avoir lieu, étant donné la confusion politique régnant au sein de la majorité socialiste du pays.

Cinq ministres, dont celui des Finances, ont exprimé leur opposition au référendum, alors que deux députées ont annoncé qu'elles ne voteraient pas vendredi la confiance au gouvernement qui perd ainsi sa majorité au Parlement.

Le gouvernement de Georges Papandréou peut encore théoriquement remporter ce vote, en fonction du nombre des députés qui participeront au scrutin, mais sa survie apparaît désormais improbable. M. Papandréou a réagi en convoquant un conseil ministériel de crise.

Le renversement de tendance sur les marchés s'expliquerait également par la position très ferme de l'Europe qui a véritablement posé un ultimatum à la Grèce, a souligné Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.

À Cannes, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont sommé mercredi soir Athènes de respecter ses engagements, faute de quoi le pays se verrait refuser l'aide financière promise par les Européens et le Fonds monétaire international.

Cette aide de huit milliards d'euros est indispensable au pays pour lui éviter la faillite en décembre.

Le premier ministre grec avait annoncé que le référendum, initialement envisagé début 2012, se tiendrait le 4 décembre, soulignant que l'enjeu serait «clairement» l'appartenance ou non de la Grèce à la zone euro.

«En attendant, cette période sera particulièrement houleuse pour la zone euro dont la solidité est une nouvelle fois remise en question», ont souligné les analystes du Crédit Mutuel-CIC.

En Asie, la Bourse de Tokyo était fermée jeudi en raison d'un jour férié au Japon tandis que Hong Kong a cédé plus de 2% et que Shanghai parvenait à finir en légère hausse.

Le marché de la dette était également sous pression avec en ligne de mire l'Italie, troisième économie de la zone euro.

Plombé par une dette colossale, le pays a vu jeudi matin ses taux d'emprunt à long terme atteindre un nouveau record, à 6,402%, avant de se replier légèrement, signe que le marché ne croit pas aux mesures anti-crise prises dans l'urgence mercredi soir par le gouvernement italien.

À cet égard, la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), la première présidée par l'Italien Mario Draghi, sera très surveillée en début d'après-midi, et notamment d'éventuels commentaires sur le rachat de titres de la dette italienne.

La France n'échappait pas à la pression ambiante, l'écart de taux (spread) qui mesure la prime de risque entre les taux allemands et français ont atteint un record à environ 129 points de base, avant de redescendre en fin de matinée.

Dans ce climat de tension, l'Espagne a émis pour 4,49 milliards d'euros d'obligations à deux et cinq ans, à des taux en forte hausse.

Sur le marché des changes, l'euro qui s'affichait à la baisse dans la matinée reprenait des couleurs à 1,3786 dollar.