Alors que l'on s'acheminait vers un mois record, voilà que la dernière journée vient assombrir la performance boursière du mois d'octobre. Elle rappelle sans ménagement aux investisseurs que le plan de sauvetage européen manque de précision à plusieurs égards, et ne fait pas l'unanimité auprès des pays de la zone euro.

Après un début de journée laborieux, le recul des indices boursiers s'est accéléré à la suite de l'annonce par le gouvernement grec de la tenue d'un référendum pour accepter ou non le plan d'aide annoncé mercredi dernier. À la clôture, le S&P 500 chutait de 2,5%, et le S&P/TSX de 2,1%.

Plus tôt, les bourses allemandes (DAX) et françaises (CAC-40) avaient clôturé en baisse de plus de 3%, alors qu'une hausse des taux sur les obligations italiennes ravivait les craintes de contagion du problème des dettes souveraines.

Pour le mois d'octobre, les indices américain et canadien réalisent néanmoins des hausses significatives de 10,8% et 5,6% respectivement.

Une embellie économique est à l'origine de ces hausses, explique Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. En effet, la première estimation de la croissance économique pour le troisième trimestre confirme que l'économie américaine a crû au rythme de 2,5% durant cette période, comparativement à 1,4% et 0,4% lors des trimestres précédents. «Il s'agit là d'une amélioration importante», dit-il.

Il n'y a plus cette apparence de faiblesse de l'économie en sol américain, confie Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. «À ce niveau de croissance, les États-Unis sont maintenant capables d'absorber un choc sans retomber en récession», dit-il.

À cela, ajoutons que depuis quelque temps, il n'y a plus de contraction de l'emploi. Les nouvelles demandes d'inscription à l'assurance emploi aux États-Unis ont été stables depuis quelques semaines, atténuant la peur d'une nouvelle récession.

L'embellie boursière a été moins prononcée au Canada, car, comme l'économie canadienne repose beaucoup sur l'exploitation des ressources, son marché boursier est de plus en plus corrélé à celui des pays émergents, soutient l'économiste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. «Dans ces pays, telles l'Inde et la Chine, on a commencé à mettre en place des mesures de ralentissement par crainte de l'inflation, ce qui a eu comme effet de freiner quelque peu l'enthousiasme des marchés», dit-il. La bourse canadienne a écopé par ricochet.

De quoi novembre sera-t-il fait?

Il sera probablement difficile de maintenir le même rythme de croissance économique aux États-Unis au cours du prochain trimestre. La vigueur économique du troisième trimestre est due en grande partie aux consommateurs, souligne Sébastien Lavoie. Les dépenses de consommation ont augmenté de 130 milliards au cours du trimestre. Mais en même temps, l'épargne a baissé de 120 milliards.

De plus, l'agenda politique demeure très chargé. La crise européenne retrouvera sa place dans l'actualité dès cette semaine alors que le G20 se réunira à Cannes les 3 et 4 novembre. Les participants aux marchés espèrent que la rencontre permettra d'obtenir plus de détails sur le fonctionnement du plan de sauvetage, souligne Jean Duguay, directeur des placements chez Gestion Eterna.

On attendra également avec impatience la journée du 23 novembre, soit la veille du Thanksgiving américain. C'est alors que le comité bipartisan du Congrès américain déposera son programme de réduction du déficit, rappelle Paul-André Pinsonnault. Cet événement ramènera à l'avant-plan les risques liés aux désaccords constants entre dirigeants démocrates et républicains. Les investisseurs gardent en mémoire la déroute boursière qui avait accompagné les discussions sur le plafond des emprunts du gouvernement américain au mois d'août.