Toute une reprise! Mais les Bourses réussiront-elles cette fois-ci à poursuivre sur leur lancée?

Les marchés ont bondi hier à la suite de l'annonce d'un accord sur un plan de sauvetage de la Grèce. Des hausses de plus de 5 % des indices européens et de plus 3% des indices américains et canadiens. Un grand soupir de soulagement aussi pour les banques américaines qui ont grimpé de 8%. Quant au VIX, l'indice de la peur chez les investisseurs, il a baissé de 14%.

Or, ce genre de hausse à la suite d'une nouvelle émanant du front européen s'est déjà avéré être un feu de paille. Ce fut le cas en mai 2010 au moment de l'annonce d'un premier plan de sauvetage de la Grèce dont certains points étaient identiques à ceux du plan actuel.

Les marchés avaient bondi de 10%, mais avaient tout reperdu quelques semaines plus tard. «Le problème avec l'Europe, c'est la mise en oeuvre de ces plans», dit Marc Christopher Lavoie, vice-président, marchés européens, chez Hexavest.

Pour les marchés, l'annonce européenne arrive à un moment propice. En effet, novembre et décembre sont généralement de bons mois pour les marchés boursiers. Et plus on s'approchera du temps des Fêtes, plus les gestionnaires procéderont à leurs habituels achats de fin d'année.

Mais aussi, les derniers chiffres concernant l'économie américaine ont de quoi soutenir une poussée boursière. En effet, le département du Commerce américain a annoncé hier qu'il estimait la croissance économique américaine au troisième trimestre à 2,5%. C'est une nette progression étant donné que la croissance avait été de 1,3% au deuxième trimestre et de 0,4% au premier. Cette estimation fera toutefois l'objet de deux révisions, l'une en novembre et l'autre en décembre.

Quelques repères

La hausse d'hier a propulsé l'indice S&P 500 un peu au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours qui se situe actuellement à 1275. Cette moyenne mobile reflète la tendance à long terme de l'indice, explique Larry Berman, président d'ETF Capital Management, firme de gestion tactique torontoise. Généralement, elle constitue un niveau de résistance important à franchir lorsque le marché essaie de changer de direction. La capacité de l'indice à franchir de façon décisive cette résistance sera un facteur déterminant pour la suite de l'embellie boursière. Mais comme les Bourses ne montent généralement pas en ligne droite, des séances à la baisse se produiront inévitablement. "Elles permettront d'évaluer la solidité du marché", explique Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale.

Il estime que le niveau de support important de l'indice S&P 500 se situe maintenant à environ 1220. Si ce niveau réussit à freiner le recul au cours des séances à la baisse que l'on pourrait vivre au cours des prochaines semaines, les investisseurs pourront se sentir rassurés. Le cas contraire indiquerait que l'enthousiasme généré par le sommet européen était exagéré.

Des doutes persistent

Force est de croire que tout n'est pas réglé en Europe. Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), se réjouit du résultat du sommet et félicite les dirigeants européens, mais attend plus de précisions quant au fonctionnement du fonds de stabilité (FESF). «Il va être important de détailler davantage les modalités de fonctionnement du FESF amélioré», a-t-elle confié à la chaîne française TF1 dès la fin du sommet.

En dépit du plan de sauvetage, le problème européen demeure entier, selon Ismaël Chiadmi, directeur de la gestion quantitative chez Montrusco Bolton. «N'oublions pas que ce sont des problèmes de croissance et d'emploi qui sont à l'origine de l'endettement des pays européens», dit-il. Le sommet n'a rien apporté de nouveau à ce chapitre, selon lui.

Surtout pas pour la Grèce où les programmes d'austérité laissent craindre une récession qui pourrait s'étendre sur quelques années et faire exploser de nouveau les déficits, ajoute Marc Christopher Lavoie.