Les déclarations franco-allemandes confirmant l'appartenance pleine et entière de la Grèce à la zone euro ont procuré jeudi un répit aux marchés, qui restaient toutefois nerveux, avant une réunion des ministres européens des Finances en Pologne à partir de jeudi soir.

«Les Européens ont de nouveau assuré le service minimum. Nous accueillons positivement les conclusions des événements de la nuit, mais n'en attendons pas de détente significative», ont jugé les analystes du Crédit Mutuel CIC.

À quelques heures de cette réunion des grands argentiers européens à Wroclaw, les déclarations du président français Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel, intervenues après la fermeture des Bourses européennes, ont contribué à une nette hausse des marchés jeudi matin.

Vers 10h00 GMT (6h00 à Montréal), Paris gagnait 2,05%, Londres 1,38% et Francfort 2,10% tandis que Milan progressait de 1,49% et Madrid de 2,51%. En Asie, Tokyo a clôturé en hausse de 1,76%.

Les deux dirigeants se sont dits «convaincus» que l'avenir de la Grèce était dans la zone euro.

Le premier ministre grec a de son côté réaffirmé la «détermination absolue» de la Grèce à respecter ses engagements.

La situation autour du dossier grec reste toutefois tendue et les marchés continuent à se focaliser sur la zone euro, qui tente de reprendre la main.

Après des mois de blocage entre le Parlement et les gouvernements européens, un accord de principe pour durcir le Pacte de stabilité et la discipline budgétaire commune dans l'UE face à la crise de la dette a été conclu à Strasbourg jeudi matin.

Ce dispositif prévoit des sanctions financières sous forme de dépôt d'argent sur des comptes bloqués pour les pays trop laxistes qui laisseraient filer leurs déficits, et des procédures plus automatiques que par le passé pour punir les mauvais élèves en Europe.

Cet accord doit toutefois être soumis aux ministres européens des Finances vendredi en Pologne, qui vont plancher sur le dossier de la crise grecque, dans un contexte macroéconomique dégradé.

La croissance sera bien moins forte que prévu au 2e semestre, mais la Commission européenne a confirmé sa prévision annuelle de 1,6% grâce au bon début d'année. Bruxelles a dit toutefois ne pas craindre de récession malgré ce ralentissement.

Cette réunion à Wroclaw dans le sud-ouest de la Pologne doit en principe permettre de surmonter les obstacles restants à la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce décidé par l'Union européenne le 21 juillet.

L'approbation de ce plan, très attendue par les marchés, traîne toutefois en longueur et bute sur les réticences de plusieurs pays, dont la Slovaquie et la Finlande.

Le premier ministre finlandais Jyrki Katainen a certes indiqué dans une interview publiée jeudi en Allemagne ne pas souhaiter une sortie de la Grèce de la zone euro, mais a maintenu sa demande de garanties.

Fait exceptionnel, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner assistera à cette réunion, alors que les États unis considèrent que l'économie mondiale restera affaiblie tant que la crise de la zone euro persistera.

M. Geithner a estimé mercredi que les Européens allaient «devoir agir plus vite» et qu'ils devraient injecter davantage de fonds pour éviter une crise majeure.

Les Européens cherchent désespérément à se sortir de ce bourbier dans lequel ils sont enlisés depuis décembre 2009, réaffirmant presque quotidiennement leur soutien indéfectible à la monnaie unique, mais restant divisés sur les moyens d'en finir avec la crise de la dette.

Mme Merkel a de nouveau écarté jeudi matin la mise en place d'euro-obligations, mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro. La veille le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso avait pourtant rassuré quelque peu les marchés en confirmant la présentation d'une étude sur les options possibles en vue de créer ces «eurobonds».