Après deux semaines où les marchés ont laissé transparaître une certaine inquiétude quant à la vigueur de la reprise économique mondiale, les craintes des investisseurs ont été on ne peut plus manifestes, hier. La peur d'un retour en récession a fait reculer les grands indices boursiers d'Europe et d'Amérique du Nord de 3 à 5%, tandis que les principales ressources naturelles ont perdu du terrain.

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«Ç'a cassé, observe Stéphane Gagnon, gestionnaire principal, actions canadiennes, à la Financière des professionnels. Essentiellement, on voit une crainte de récession doublée d'une crainte qui ne semble pas vouloir se résorber à propos de l'effet de contagion en Europe.»

À Toronto, le S&P TSX a atteint son plus bas niveau en 10 mois, à 12 380 points, en recul de 3,4%. Seulement 3,1% des titres du TSX ont progressé. À New York, le S&P 500 a terminé la séance à 1200 points, une perte de 4,8% qui marque la pire journée de l'indice depuis février 2009.

Le Dow Jones a clôturé à 11 384 points, en baisse de 4,3%, tandis que le NASDAQ a culbuté de 5,1%, à 2556 points. Parmi les titres les plus actifs, Bank of America a baissé de 7,4% et Ford, de 6,8%.

En Europe, les principales places boursières ont aussi lâché de 3 à 4% malgré la confirmation que la Banque centrale européenne achèterait de nouveau des obligations d'États européens, ce qu'elle n'avait pas fait depuis le mois de mai. Cela n'a pas suffi à rassurer les investisseurs, qui redoutent toujours une contagion de la crise de la dette.

La plupart des ressources naturelles ont terminé la journée en baisse, entraînant dans leur sillage les titres des principaux producteurs miniers canadiens, notamment Teck Resources (-6,7%) et Lundin Mining (-15%). Le baril de pétrole a perdu 5,30$US à New York, à 86,63$, ce qui annule tous ses gains enregistrés depuis le début de l'année.

Le principal producteur canadien, Suncor Energy, a perdu 4,4%.

L'or ne semble pas avoir profité pleinement de son statut de valeur refuge, hier. Après avoir touché 1681,80$US l'once en matinée, le contrat d'août a retraité de 7,20$ à New York, à 1656,20$. Le géant aurifère Barrick Gold a écopé, avec une action en baisse de 4,1% à Toronto, à 45,38$. L'argent, qui est aussi largement utilisé dans l'industrie, a perdu 5,6% de sa valeur, à 39,43$US l'once.

Le dollar américain a repris de la force après que les autorités monétaires suisses et japonaises eurent fait des gestes pour limiter l'appréciation de leur devise. Avec un billet vert en hausse et le prix des ressources en baisse, le dollar canadien a perdu 1,80 cent US, à 102,09 cents US.

Les obligations ont la cote

Fuyant le marché des actions, les investisseurs se rabattent sur les obligations. Les taux des bons de deux ans du gouvernement américain ont atteint un creux historique, à 0,26%. Le taux des obligations de 10 ans est tombé de plus de 50 points de base en 5 jours, à 2,42%.

«Quels que soient les dommages que les querelles fiscales ont causés à la réputation des obligations du Trésor, elles n'ont certainement pas altéré son statut de valeur refuge en temps de difficultés économiques», note Sal Guatieri, de BMO Marchés des capitaux.

Le ressac boursier survient au moment où les sociétés sont en bonne santé financière et annoncent de bons résultats. Après la séance d'hier, le S&P 500 s'échange désormais à 13,2 fois les bénéfices, le niveau le plus bas depuis mars 2009. Compte tenu du faible rendement des obligations, «on pense qu'il faut revenir dans le marché des actions et prendre des positions», dit Stéphane Gagnon, de la Financière des professionnels.

Après cette rude journée sur les marchés, les nouvelles données sur l'emploi aux États-Unis, dévoilées aujourd'hui, sont évidemment très attendues. «Le fardeau de la preuve réside maintenant dans de meilleures données économiques qui montrent que l'économie ne tombe pas en récession, soutient aussi le chef stratège de UBS Wealth Management Americas à New York, Mike Ryan. Les données sur l'emploi sont cruciales.»

* Ce texte a été attribué par erreur à Maxime Bergeron, l'auteur de cette revue boursière est Hugo Fontaine.