Les Bourses mondiales restaient sous pression mercredi, en proie à des inquiétudes sur la vigueur de l'économie américaine et sur une propagation de la crise de la dette en zone euro à l'Espagne et l'Italie.

Suspendus pendant des jours à la signature d'un accord aux États-Unis, les investisseurs ont finalement trouvé peu de réconfort une fois celui-ci validé, puisqu'il ne lève pas les doutes quant à la situation budgétaire toujours tendue à Washington.

«Pour l'heure, le compromis américain évite le pire, mais n'apporte que des réponses partielles, ce qui sera à l'origine d'une fin d'été difficile», a commenté François Duhen du CM-CIC Securities.

Après avoir ouvert en baisse, les Bourses européennes restaient très nerveuses, poursuivant pour la plupart leur recul.

À 06H40, Paris perdait 0,58%, Londres 1,18% et Francfort 0,88%. Madrid (+1,22%) et Milan (+0,31%) et la Bourse suisse (+0,54%), qui avaient chuté lundi et mardi, évoluaient à contre-courant.

En Asie, les places boursières ont également reculé: Tokyo a cédé 2,11%, Hong Kong 1,91%, et Shanghai a terminé quasiment stable.

Peu après l'adoption finale au Sénat d'un texte évitant un défaut de paiement aux Etats-Unis, l'agence de notation Moody's a assorti la note des États-Unis d'une «perspective négative», ce qui signifie que le pays pourrait perdre à moyen terme son triple A, meilleure note possible.

L'agence de notation chinoise Dagong a immédiatement rétrogradé la note des États-Unis de A+ à A. Les États-Unis ont échoué à désamorcer «la bombe de la dette», a jugé l'agence officielle Chine nouvelle. La Chine est le principal créancier des États-Unis, devant le Japon.

«L'inquiétude à propos de la croissance américaine, occultée jusqu'à présent par les discussions sur la dette aux États-Unis, revient sur le devant de la scène», a relevé Takashi Ushio, gestionnaire de titres à Marusan Securities.

Après une série de statistiques décevantes aux États-Unis, faisant craindre à certains une récession de la première puissance mondiale au second semestre, les marchés attendent ce mercredi avec fébrilité deux autres publications sur les services et sur l'emploi américains.

New York a connu mardi sa 8e séance dans le rouge, le Dow Jones perdant 2,19% et le Nasdaq 2,75%.

«Il faut remonter à octobre 2008, en pleine crise des subprimes, pour connaître une telle séquence de recul des indices américains», note Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC, qui souligne qu'«un vent de panique» semble souffler sur les marchés financiers.

Zone euro ébranlée

Les craintes de contagion s'accentuent en zone euro.

En Italie et l'Espagne, désormais dans le collimateur des marchés, la mobilisation est maximale pour tenter d'enrayer cette spirale infernale.

En première ligne, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi doit intervenir mercredi après-midi devant le Parlement et pourrait annoncer des mesures pour tenter de rassurer les marchés.

Le ministre italien des Finances Giulio Tremonti s'est rendu d'urgence à Luxembourg pour discuter de la crise avec le chef de file de la zone euro Jean-Claude Juncker.

En Espagne, José Luis Rodriguez Zapatero a convoqué une réunion gouvernementale «pour analyser les derniers mouvements des marchés financiers», très volatils.

Au lendemain d'une envolée des taux des pays les plus fragiles, le marché de la dette s'accordait mercredi une pause. Les taux d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie repartaient à la baisse.

L'euro évoluait en hausse, valant 1,4270 dollar vers 05H30.

La Banque nationale suisse a pris mercredi des mesures pour lutter contre l'envolée du franc suisse, valeur refuge par excellence.