La première partie de l'année est à oublier pour les investisseurs boursiers. Le TSX a perdu 1% de sa valeur dans les six premiers mois de 2011. Certains titres se sont néanmoins démarqués, dont trois titres gaziers. Surprenant, quand on connaît le prix du gaz naturel. D'ailleurs, le sous-indice des titres d'énergie a fini le semestre en recul de 2,2%. Outre les gazières, le top 10 du TSX en 2011 se compose d'un vendeur de diamants, d'une société aurifère, d'une pharmaceutique, d'un détaillant de sport et de deux québécoises bien connues. Des explications sur leur surperformance.

La valeur est dans les sous-produits

1) Trilogy Energy (TET, 24,50$)

Rendement au premier semestre 2011: 94%

La société de Calgary dont la production est à 80% gazière et 20% pétrolière possède des propriétés dans l'Ouest canadien. Le prix du gaz naturel est resté bas, autour de 4$ le million de Btu pendant le premier semestre de 2011. Pourquoi Triology a-t-elle doublé de valeur si le prix du gaz reste collé au plancher? Triology, comme d'autres producteurs dans sa situation [Cequence Energy (CQE), Tourmaline (TOU) ] profitent des sous-produits tirés de l'extraction du gaz naturel. Il s'agit de gaz liquides comme l'éthane, le propane et le butane dont les prix suivent la courbe du prix du pétrole.

Une mine qui promet

2) Extorre Gold Mines (XG, 13,80$)

Rendement au premier semestre: 84%

Cette société aurifère de Vancouver ayant des propriétés en Argentine a vu le prix de son action passer de 6$ à 14$ depuis le début de l'année. Les bonnes nouvelles n'ont cessé de déferler sur Extorre en 2011 au sujet de son projet de Cerro Moro. La société minière a notamment obtenu le feu vert des autorités environnementales de la province de Santa Cruz le 17 mai. Le 20 juin, elle annoncé un financement privé de 25 millions à un prix de 10,50$ l'action. Une nouvelle évaluation économique préliminaire sera publiée à la mi-juillet qui confirmera que la production de la future mine sera plus importante que prévu. En date d'avril 2011, Cerro Moro avait des ressources indiquées de 357 000 onces d'or et de 15,3 millions d'onces d'argent. «Les perspectives alléchantes à venir concernant son programme d'exploration, plus la mise en chantier probable de la mine à moyen terme constitue trop de bonnes nouvelles pour qu'elles soient ignorées des investisseurs», écrivait le 22 juin l'analyste David West de Salman Partners. Il a une recommandation d'achat spéculatif sur Extorre.

La machine à acquisitions intelligentes

3) Valeant Pharmaceuticals (VRX, 51,34$)

Rendement au premier semestre: 77%

Une des très rares survivantes pharmaceutiques canadiennes, Valeant (ex-Biovail) fait flèche de tout bois. Sous la direction de Michael Pearson, elle a multiplié les acquisitions, par exemple, PharmaSwiss pour 350 millions d'euros et AB Sanistas, de Lituanie, pour 442 millions US. En début d'année, Valeant se vendait 35$ l'action.

Le gestionnaire momentum Richard Morin, de chez Landry Morin, en recommandait l'achat en janvier, dans le cadre de sa sélection La Presse Affaires. «Le prix du titre reflète l'augmentation attendue du profit par action à la suite des acquisitions. De 0,82$ de profit par action en 2010, le chiffre bondit à 2,77$ en 2010. De plus, une croissance de 20% est espérée en 2012», dit-il, au téléphone. Il n'en achète plus, mais le conserve dans son Fonds momentum canadien. Un peu plus de 10% du portefeuille est investi dans Valeant. Il s'agit de sa plus grosse position.

Une histoire de croissance

4) Tourmaline Oil Corp. (TOU, 32,83$)

Rendement au premier semestre: 47%

Titre principalement gazier, Tourmaline fait tourner les têtes des analystes. CIBC voit TOU à 35$ d'ici 12 à 18 mois, tandis que le courtier Stifel Nicolaus entrevoit un prix de 37$ d'ici 12 mois.

En Tourmaline, les deux analystes aiment l'histoire de croissance. Son management a réalisé un coup de circuit avec Duvernay Oil qu'ils ont vendu à Shell à l'été 2008 pour près de 6 milliards de dollars. L'histoire se répétera-t-elle? Tourmaline est plus grosse que Duvernay avec environ un million d'acres de lots et plus de 5000 sites de forage potentiels. Elle complétera dans les prochaines semaines l'acquisition de Cinch. Arthur Grayfer, de CIBC, estime que la production annuelle de gaz augmentera de 44% en 2011 et de 41% en 2012. «Tourmaline possède tous les ingrédients pour que son action s'apprécie plus rapidement que celle de ses pairs au cours des prochaines années», a-t-il écrit le 7 juin 2011.

Offre d'achat par Canadian Tire

5) Forzani Group (FGL, 26,25$)

Rendement au premier semestre: 44%

Ici, pas de mystère, le titre du propriétaire de la bannière Sports Experts a bondi le lundi 9 mai à l'offre d'achat déposée par Canadian Tire. Une offre au comptant de 26,50$ par action pour un total de 771 millions. L'offre a été prolongée au 18 août après que le Bureau de la concurrence eut demandé des informations additionnelles pour compléter l'évaluation de la transaction. En mai, l'analyste de VMD, Keith Howlett, évoquait la possibilité que des détaillants américains comme Dick's Sporting Goods proposent un meilleur prix pour Forzani. Un scénario profitable aux actionnaires qui ne s'est pas encore matérialisé.

Quand le pétrole va...

6) Precision Drilling (PD, 13,90$)

Rendement au premier semestre: 44%

Quand le pétrole se vend cher, les pétrolières investissent dans l'exploration et ça profite à Precision Drilling, spécialiste du forage. Autre attrait, la société possède la meilleure technologie relativement au forage des gisements de gaz de schiste. «Ils ont été très innovateurs dans leur technologie. Leur foreuse peut aller chercher le gaz à plus de 1800 mètres de profondeur», dit Stéphane Dubeau, associé chez Dubeau Capital, de Québec, qui était acheteur de Precision au début décembre 2010 quand l'action se vendait autour de 9,10$. Depuis un an, le bénéfice par action a été quasiment multiplié par 4. Les inquiétudes à l'égard de l'économie chinoise ajoutent néanmoins de la volatilité au titre, mais M. Dubeau reste optimiste. Il conserve l'action et en rachètera si son prix redescend sous les 13,25$.

Le ciel s'éclaircit

7) Bombardier (BBD.B, 6,71$)

Rendement au premier semestre: 39%

Le Bourget est derrière elle. Airbus lui a volé la vedette, mais le salon a été encourageant du côté de la CSeries et encore plus dans le créneau des avions d'affaires de grand luxe. Le portrait d'ensemble? La reprise profitera au segment des avions d'affaires pendant que ses trains lui procurent des flux de trésorerie stables. En juin, Credit Suisse avait une cible de 9$, Financière Banque Nationale de 8,50$ et Valeurs mobilières TD à 8$.

Le prix des diamants en hausse

8) Harry Winston Diamond Corporation (HW, 16,33$)

Rendement au premier semestre: 38%

Les diamants sont peut-être éternels, mais pas un investissement dans Harry Winston. VDM a réitéré sa recommandation de vendre l'action le 10 juin dernier avec un prix cible de 12$. La mine canadienne Diavik (40% à HW) a obtenu des résultats décevants au premier trimestre 2011. Ceci dit, le prix des diamants a augmenté cinq fois plus vite que l'or depuis le début de 2011, selon Bloomberg. De Beers, premier producteur mondial, prévoit que la demande excédera l'offre pour au moins les 5 prochaines années. En mai, Harry Winston a annoncé la mise sur pied d'un fonds de 250 millions à l'intention des institutionnels qui désirent placer leur argent dans les diamants.

Des revenus garantis dans un marché incertain

9) CGI (GIB.A, 23,21$)

Rendement au premier semestre: 38%

Les titres canadiens de technologies se font rares, sans compter que Research in Motion (- 52% pendant le semestre) en décourage plus d'un. CGI en profite. Cette dernière est devenue une machine bien huilée qui tire des revenus récurrents de contrat en provenance de clients de qualité, dont bon nombre de gouvernements. «Les prévisions des bénéfices de CGI sont revues constamment en hausse», se réjouit Stephen Gauthier, stratège et gestionnaire principal chez Fin-XO.

Pour Jean-François Gagnon, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Sceptre, l'engouement pour CGI se comprend facilement. «Le titre se vendait vraiment pas cher il y a un an ou deux. Dans l'environnement incertain qu'on connaît, les investisseurs apprécient les compagnies qui ont des revenus garantis pendant trois ans.» Il conserve le titre. De son côté, M. Gauthier voit le titre dépasser les 27$ d'ici la fin de 2011. Il est toujours acheteur.

Encore un titre gazier

10) Birchcliff Energy (BIR, 13,60$)

Rendement au premier semestre: 36%

Birchcliff Energy, 1,6 milliard de capitalisation boursière, explore et produit du gaz naturel, du pétrole et des gaz liquides en Alberta. Sa production journalière devrait doubler à compter du 1er novembre. Ses profits par action ont doublé en un an au premier trimestre, passant de 0,04$, en 2010, à 0,08$, en 2011.