Les actionnaires du groupe transatlantique NYSE Euronext ont approuvé jeudi la fusion avec l'opérateur de la Bourse de Francfort, un mariage devant donner naissance au premier opérateur boursier de la planète.

Lors de l'assemblée générale de NYSE Euronext à New York, 65,68% des actionnaires du groupe transatlantique ont dit oui à la fusion avec l'opérateur allemand de la Bourse de Francfort (ouest), dépassant largement le seuil minimum requis de 50% plus une voix.

Le 13 juillet, Deutsche Börse soumettra à son tour le projet au vote de ses actionnaires qui doivent se prononcer à une majorité de 75%.

La nouvelle entité réunirait les places de New York, Francfort, Paris, Lisbonne, Amsterdam et Bruxelles.

Ce géant, de plus de 25 milliards de dollars de capitalisation boursière, détiendrait près de 90% du marché des produits dérivés européens (contrats liés aux taux de change, taux d'intérêt, matières premières, etc.) via la filiale Eurex de Deutsche Börse et le Liffe londonien détenu par NYSE Euronext.

Ce rapprochement devrait aussi générer des synergies annuelles de 300 millions d'euros (412 millions de dollars), selon les deux groupes.

Les fiançailles avaient été rendues publiques en février. L'opération avait été un temps menacée par une contre-offre hostile des américains Nasdaq OMX et d'IntercontinentalExchange, qui proposaient 11 milliards de dollars -en actions et en numéraire- pour le groupe transatlantique, valorisé environ 9 milliards de dollars par la fusion avec l'allemand.

Mais le tandem Nasdaq/ICE a finalement jeté l'éponge en mai, refroidi par l'opposition des autorités américaines de la concurrence.

Deutsche Börse salue le vote des actionnaires de NYSE Euronext

Deutsche Börse a salué jeudi le vote des actionnaires de NYSE Euronext en faveur de la fusion des deux groupes.

«Les actionnaires de NYSE Euronext ont clairement voté en faveur des perspectives de croissance et du potentiel de valeur» promis par la fusion, a déclaré Reto Francioni, le patron de Deutsche Börse, dans un communiqué.

«Maintenant les actionnaires de Deutsche Börse ont aussi leur chance de participer», a ajouté M. Francioni en faisant référence au second vote crucial pour la fusion.

Les actionnaires du groupe allemand ont jusqu'au 13 juillet minuit pour échanger leurs titres Deutsche Börse contre des actions du nouvel ensemble, une holding installée aux Pays-Bas. Une majorité qualifiée d'au moins 75% des voix est nécessaire.

Selon un dernier pointage mercredi, seulement 11,11% des actions et des droits de vote de Deutsche Börse avaient été échangés pour des actions de la holding néerlandaise. Mais il est commun dans ce genre d'opération que les investisseurs se décident au dernier moment.

Le DG de NYSE Euronext «confiant» sur le vote de Deutsche Börse

Le patron de NYSE Euronext Duncan Niederauer s'est dit confiant jeudi quant au vote des actionnaires de Deutsche Börse sur la fusion entre les deux plateformes boursières, tout en reconnaissant que des concessions seraient nécessaires pour les autorités de la concurrence.

Approuvé jeudi par les actionnaires du groupe transatlantique, le rapprochement doit maintenant recevoir l'accord de 75% des actionnaires de la place allemande.

«Ce sera un obstacle important. 75% est un nombre élevé. On en était à 11% la nuit dernière, ce n'est pas surprenant. Nous ne nous attendions pas à voir la tendance s'accélérer avant notre vote ce matin», a dit le directeur général de NYSE Euronext sur la chaîne CNBC.

«Je serai plus inquiet si on a un nombre du même ordre demain soir. On a besoin de voir une accélération dans les jours à venir, mais nous sommes confiants», a-t-il ajouté.

La Commission européenne doit décider d'ici au 4 août soit d'autoriser l'opération soit de lancer une enquête approfondie susceptible de durer plusieurs mois.

«Dire que le projet peut être approuvé sans aucune concession, ce serait se faire des illusions», a reconnu M. Niederauer.

«On peut parler de beaucoup de choses avant d'en arriver à des cessions. Ce serait inédit pour nous de céder une de nos plateformes de produits dérivés. C'est une partie énorme des opportunités de création de valeur. Il serait difficile d'imaginer poursuivre si on nous demandait cela. Rien de tel n'a été mis sur la table», a-t-il assuré.