Le consortium qui a fait une offre publique d'achat hostile pour la Bourse de Toronto devrait retirer celle-ci et plutôt acheter des actions de l'entité issue de la fusion des groupes TMX et London Stock Exchange (LSE) s'il souhaite préserver le contrôle canadien de la compagnie, ont estimé lundi les dirigeants de TMX et LSE.

Le chef de la direction du Groupe TMX, Thomas Kloet, et son homologue de LSE, Xavier Rolet, ont affirmé que les membres de Maple Group Acquisition Corporation n'avaient pas besoin de maintenir leur offre s'ils craignent que le Canada perde le contrôle de la compagnie fusionnée.

Certains ont observé qu'en vertu des dispositions de l'entente entre TMX et LSE, des intérêts étrangers posséderaient la majorité du nouveau groupe boursier puisque les actionnaires de LSE en contrôleraient 55 pour cent.

Néanmoins, les membres de Maple pourraient accroître leur participation en achetant des actions de LSE avant la fusion ou même la nouvelle compagnie une fois la transaction complétée, ont affirmé MM. Kloet et Rolet.

«Si les investisseurs de Maple sont vraiment préoccupés par la question de la propriété canadienne, ils peuvent laisser l'entente avoir lieu, acheter six pour cent et ce sera fait - ce sera une compagnie appartenant en majorité à des Canadiens», ont-ils déclaré.

Maple inclut 13 poids lourds du secteur canadien de la finance, parmi lesquels la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Mouvement Desjardins, Banque Nationale Groupe financier et le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario (RREO).

Le projet de fusion entre les groupes TMX et LSE - qui exploite la Bourse de Londres - a reçu le soutien de plusieurs hauts dirigeants d'entreprises du secteur canadien de la finance, lundi.

Dans une lettre ouverte, les 11 dirigeants, parmi lesquels l'ancien chef de la direction de la bourse torontoise, Rowland Fleming, ont affirmé que le fusion projetée préserverait la souveraineté canadienne en matière de réglementation des marchés, favoriserait les gestionnaires canadiens et assurerait une certaine concurrence dans le commerce des valeurs mobilières au pays.

Le groupe comprend également d'importantes figures de Bay Street telles que le président du conseil, président et chef de la direction de Caldwell Securities, Thomas Caldwell, le président exécutif de CI Financial (TSX:CIX), Bill Holland, ainsi que le président du conseil, président et chef de la direction de la firme Raymond James, Paul Allison.

Ces dirigeants estiment que l'acquisition de la Bourse de Toronto par Maple donnerait naissance à un monopole contrôlant près de 90 pour cent des opérations sur actions au Canada et éliminerait pratiquement toute concurrence.

Les offres concurrentes - toutes deux évaluées à environ 3,7 milliards $ - détermineront l'avenir du groupe boursier canadien, qui exploite la Bourse de Toronto, la Bourse de croissance TSX, la Bourse de Montréal et la Corporation canadienne de compensation de produits dérivés, entre autres.

Une fusion des groupes TMX et LSE ferait passer les bourses canadiennes au sein d'un groupe étranger dans une industrie en pleine consolidation. Néanmoins, la Bourse de Toronto poursuivrait ses activités de façon indépendante et demeurerait réglementée par les responsables canadiens de la réglementation des valeurs mobilières.

Une victoire de Maple ferait passer la bourse torontoise et ses affiliées sous le contrôle de plus d'une douzaine de banques, maisons de courtage, assureurs et fonds de retraite canadiens.

Les actionnaires du Groupe TMX feront savoir cette semaine s'ils approuvent ou non le projet de fusion avec le groupe LSE. Un rejet de cette entente laisserait le champ libre au groupe rival pour qu'il rende sa proposition plus intéressante à leurs yeux.

La lettre a été rendue publique alors que Maple donnait une conférence téléphonique afin de répondre aux questions des investisseurs en prévision du vote de jeudi.

Luc Bertrand, porte-parole de Maple, n'avait toujours pas pris connaissance de cette lettre, mais il a affirmé qu'en vertu de la proposition de son consortium, le nouveau groupe boursier demeurerait négocié sur le marché dans une proportion de 78 pour cent, respecterait la réglementation en matière de gouvernance des sociétés ouvertes et compterait un conseil d'administration en majorité indépendant.

«Certains pensent que nous faisons un retour à une époque lors de laquelle c'était une entité mutualisée; je ne crois pas cela représente correctement ce que nous proposons», a-t-il dit.