La radio sur internet Pandora (P) envolée mercredi à son premier jour de cotation à Wall Street, bénéficiant de l'appétit des investisseurs pour les valeurs internet alors même qu'elle reste très discrète sur ses perspectives de rentabilité.
Vers 11h30, l'action Pandora, cotée sous la simple initiale P au New York Stock Exchange, valait 20,47 $, affichant un gain de 27,94% par rapport à son cours d'introduction, pourtant déjà presque deux fois supérieur à ce qui avait été initialement envisagé.
Un enthousiasme remarquable pour une entreprise pénalisée par le coût croissant des droits d'auteur, qui prévoit des pertes d'exploitation «au moins jusqu'à la fin» de l'exercice budgétaire actuel, le 31 janvier 2012, et dont le patron affiche un certain mépris pour les marques extérieures de bonne gestion.
«Nous ne fixons aucune échéance pour les seuils financiers», a dit Joe Kennedy, PDG de la société issu de l'industrie automobile. Interrogé sur la chaîne de télévision CNBC, il s'est refusé à indiquer s'il prévoyait que la société soit rentable à l'échéance d'un, trois ou cinq ans.
Fondée en 2000, Pandora, accessible uniquement aux États-Unis, revendique plus de 90 millions d'utilisateurs et affirme en gagner un par seconde. La radio est disponible sur internet, mais aussi sur téléphone multifonction ou divers appareils électroniques, comme la tablette iPad d'Apple ou la liseuse Kindle d'Amazon.
Elle a enregistré un chiffre d'affaires de 137,76 millions de dollars sur son exercice achevé le 31 janvier 2011, multiplié par 2,5 en un an, et de 51,04 millions sur le seul premier trimestre de son exercice décalé.
Elle a réduit sa perte annuelle nette de plus de moitié à 11,04 millions de dollars, mais au premier trimestre, elle a perdu 9,14 millions de dollars, et elle prévoit encore «d'investir lourdement» pour accompagner sa croissance.
Pour Gregori Volokhine, analyste à Meeschaert New York, l'envolée relève du «phénomène de mode»: «il n'y a pas moyen de légitimer la valorisation actuelle» de 2,55 milliards de dollars au prix d'introduction, alors que Pandora a «un business model facile à copier, puisqu'Amazon et Apple sont déjà dessus».
«C'est comme (le réseau social professionnel) LinkedIn (ndlr: entré en Bourse il y a un mois), ce sont des nouveaux business avec une forte croissance, que tout le monde comprend parce que tout le monde les utilise», ajoute M. Volokhine.
Mercredi, LinkedIn cotait 74,45 $, révélant un tassement par rapport à l'enthousiasme du premier jour (où il avait clôturé à 94,25 $), même s'il évolue toujours bien au-delà de son cours d'introduction (45 $).
Chez Renaissance Capital, Nick Einhorn imputait le succès de l'opération de Pandora non seulement à sa notoriété, mais aussi au nombre relativement modeste de titres mis en vente (environ 7% du capital), et à ses perspectives de croissance.
Pandora «ne représente actuellement qu'environ 3% de l'écoute radio aux États-Unis, car la radio terrestre reste dominante, donc s'ils peuvent augmenter ce pourcentage dans les années à venir, ils devraient avoir une forte croissance. En plus, ils ont de la marge pour augmenter la publicité sur leur service, ce qui les aiderait à devenir rentables», soulignait encore M. Einhorn.
M. Kennedy a assuré mercredi que les marges d'exploitation et les flux de trésorerie étaient en amélioration. «Nous fournissons une superbe expérience pour les auditeurs, mais nous comprenons aussi très bien le côté business», a-t-il dit. Il a aussi noté que ses plus grands actionnaires avaient choisi de ne pas vendre leurs actions, «ils sont avec Pandora depuis longtemps et croient très fort dans les opportunités qui sont devant nous», a-t-il affirmé.