Les dirigeants de la Banque Laurentienne ne sont pas chauds à l'idée d'une fusion des bourses de Toronto et de Londres parce qu'ils redoutent les conséquences d'une telle transaction sur les PME.

Le PDG de l'institution financière, Réjean Robitaille, craint notamment que les petits émetteurs «qui sont le moteur de l'économie et de l'industrie au Québec et au Canada» aient à se plier à des règles internationales conçues pour des sociétés d'une taille beaucoup plus imposante que la leur.

«C'est un gros élément qui est un peu nébuleux jusqu'à présent», a-t-il souligné, en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires. À son avis, les responsables du groupe TSX devraient éclaircir la situation le plus rapidement possible, pour dissiper les inquiétudes.

M. Robitaille s'est notamment dit inquiet de voir le pouvoir des Canadiens dilué au sein de la nouvelle organisation.

Réjean Robitaille estime ne pas disposer de suffisamment d'informations pour présenter la position définitive de la Laurentienne sur la fusion, mais d'ici à ce qu'il ait obtenu réponse à ses questions, c'est non.

La semaine dernière, trois des six autres banques canadiennes se sont prononcées contre la fusion dans une lettre ouverte. La Banque Scotia, la Banque de Montréal et la Banque Royale n'ont pas signé la lettre. Le PDG de la Royale, Gordon Nixon, s'est prononcé en faveur de la fusion. La Scotia n'a pas encore réagi officiellement.

La Laurentienne s'était d'abord montrée favorable à la fusion, avant de revoir sa position. Réjean Robitaille reconnaît d'ailleurs d'emblée qu'un regroupement comporterait des avantages certains, notamment au plan technologique.

La banque n'a pas l'intention de faire des représentations officielles pour le moment, mais M. Robitaille a assuré qu'il avait fait part de ses réserves au gouvernement du Québec, qui a un droit de veto sur la transaction.

Pas de bulle immobilière

En 2011, la Laurentienne prévoit poursuivre sa croissance, qui repose en grande partie sur l'augmentation de son volume de prêts hypothécaires. En 2010, son réseau de «banquiers mobiles» qui rencontrent les clients à domicile a en effet été responsable de 40% de toutes les nouvelles hypothèques résidentielles accordées dans la province.

Pour l'exercice qui prendra fin le 31 octobre, la banque vise ainsi une augmentation de plus de 5% de ses revenus et de 3,7% de son bénéfice par action. Réjean Robitaille assure que l'institution réussira à atteindre ces objectifs même si plusieurs économistes prédisent un ralentissement dans le domaine de l'immobilier résidentiel.

L'institution accorde environ 75% de ses prêts hypothécaires au Québec. Or cette province continue à faire bande à part puisque la demande y demeure forte sans pour autant s'emballer. «Il n'y a pas énormément de spéculation qui se fait du côté du Québec», a-t-il insisté.

Le financier ne craint pas non plus qu'une bulle immobilière se développe en Ontario. La situation est toutefois plus risquée dans l'ouest du pays et particulièrement dans la région de Vancouver, où le prix des maisons a explosé au cours des dernières années. «C'est un peu particulier et de ce côté-là, nous on y va avec un peu plus de prudence», a-t-il confié.

Afin de séduire une clientèle de plus en plus sollicitée, la Banque Laurentienne entend par ailleurs rénover près du tiers de ses 156 succursales d'ici décembre prochain. Les établissements seront convertis en «boutiques de services financiers» avec fauteuils et café.

La Banque Laurentienne célèbre cette année ses 165 ans. Elle a été fondée en 1846 par monseigneur Bourget, avec le soutien de Louis-Joseph Papineau, de George-Étienne Cartier et de Louis-Hyppolite Lafontaine.

En 2010, son bénéfice s'est élevé à 122,9 millions de dollars sur des revenus de 737,4 millions. Elle emploie 3700 personnes.