La Bourse de Londres a été paralysée vendredi matin par une panne technique particulièrement embarrassante, alors qu'elle venait d'adopter une technologie sur laquelle elle ne tarit pas d'éloges, censée mieux l'armer face à une concurrence acharnée.

Le groupe boursier London Stock Exchange (LSE), gestionnaire de la place, a dû interrompre l'ensemble des transactions sur les actions britanniques quelques minutes après le début de la séance, et ne les a relancées qu'après plus de quatre heures, à 7h15.

Les échanges à la Bourse de Milan, qui appartient au même groupe et avait elle même subi une panne de six heures mardi, n'ont en revanche pas été affectés.

Le LSE a expliqué cet incident par un problème dans la diffusion en temps réel des données de cotation, sans plus de détails. La panne a vraisemblablement été provoquée par un problème informatique, même si le groupe s'est refusé à spéculer sur ses causes.

Cette panne a fait très mauvais effet dans la City, d'autant qu'elle est intervenue en plein accès de nervosité des investisseurs, du fait des troubles en Libye et dans le monde arabe.

«En ces temps d'incertitudes sur les marchés, où les courtiers sont suspendus à la situation en Libye, la dernière chose qu'il fallait était une panne des échanges», a observé Joshua Raymond, stratégiste chez City Index.

Le patron de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, a d'ailleurs adressé ses «regrets sincères» aux utilisateurs de la place pour «la gêne provoquée par cet incident».

Cette panne est d'autant plus embarrassante qu'elle intervient moins de deux semaines après l'adoption par le marché principal de la Bourse de Londres d'un nouveau système informatique, baptisé Millenium Exchange.

Ce système est issu de la start-up sri-lankaise MilleniumIT, acquise en 2009 par le LSE, et promet un traitement des transactions ultra-rapide. Le groupe mise énormément sur cet essor technologique pour préserver ses parts de marché, face à une concurrence acharnée.

Le LSE avait affirmé que la migration de son marché principal vers Millenium Exchange était «une étape cruciale dans notre volonté d'offrir les meilleurs services de cotation».

Depuis leur mise en concurrence en 2007 et l'arrivée d'opérateurs alternatifs, les Bourses européennes se livrent à une «guerre des microsecondes», cherchant à retenir et attirer les investisseurs en promettant d'exécuter leurs ordres toujours plus rapidement.

Cette concurrence féroce est aussi derrière le nouveau mouvement de concentration qui bouleverse le secteur: le LSE a annoncé le rachat de la Bourse de Toronto, poussant ses principaux rivaux, NYSE Euronext et Deutsche Börse, à s'unir à leur tour, imités ensuite par les Bourses alternatives BATS et Chi-X Europe.

Cette panne est la plus longue depuis deux ans et demi sur la place londonienne: elle avait été victime d'une panne géante de près de 7 heures le 8 septembre 2008, puis d'une de trois heures et demi en novembre 2009.

Autre motif d'embarras, cet incident intervient quelques mois seulement après une série de dysfonctionnements au sein de sa filiale paneuropéenne Turquoise, qui avait essuyé les plâtres en étrennant Millenium Exchange.

Elle avait notamment subi une panne de deux heures, qui avait poussé le LSE à retarder la migration de son marché principal. Le LSE avait évoqué des circonstances «suspectes», avant finalement d'admettre en janvier qu'il s'agissait d'une erreur humaine.

Cependant, le LSE n'est pas le seul groupe à souffrir de problèmes techniques: jeudi, le calcul des indices européens gérés par NYSE Euronext, dont le CAC 40 parisien, avait été interrompu pendant 45 minutes, au cours desquelles les investisseurs avaient toutefois pu continuer à négocier normalement les actions.