Facebook n'a pas seulement révolutionné l'utilisation du web par des millions d'internautes, il a aussi suscité l'émergence d'un nouveau type de marchés financiers, les plateformes d'échange de titres de sociétés non cotées.

Il y a deux ans encore, ces Bourses d'un nouveau type n'existaient pas.

Et puis «un ancien employé de Facebook est venu nous voir début 2008», raconte à l'AFP Aishwarya Iyer, une porte-parole de SecondMarket, la société new-yorkaise qui a créé ce nouveau modèle d'un marché officieux pour titres des sociétés non cotées.

«Il nous a dit: ¨je vous ai googlés et je cherche un endroit pour vendre mes parts¨. On a fait un audit et de la recherche pendant douze mois, et nous avons officiellement lancé notre marché pour sociétés non cotées en avril 2009», ajoute-t-elle.

Pendant les neuf premiers mois d'existence de cette plateforme, le montant des transactions effectuées s'est élevé à quelque 100 millions de dollars. Or sur le seul dernier trimestre 2010, elles ont atteint 157,8 millions, le double du trimestre précédent.

SecondMarket compte aujourd'hui quelque 47 000 utilisateurs.

Elle a fait des émules, notamment le californien SharesPost, qui s'est lancé en juin 2009 à San Bruno, au coeur de la Silicon Valley, pépinière de start-ups technologiques.

SharesPost revendique plus de 55 000 membres, dont 30 000 nouveaux investisseurs s'étant inscrits ces six derniers mois, selon un courriel à l'AFP du directeur général David Weir.

Grâce à ces deux firmes, le capital de sociétés devenues gigantesques mais que les dirigeants rechignent à introduire en Bourse devient monnayable de façon «organisée» et «transparente», explique Mme Iyer.

«C'est réservé à des boîtes qui sont dans des (phases de) croissance exponentielle de leur activité et de leur valorisation, et qui à un moment ont besoin que leurs employés puissent se faire un peu d'argent», pour qu'ils soient récompensés autrement que par une augmentation de salaire, explique à l'AFP un entrepreneur et investisseur privé installé à New York.

Du côté du vendeur, «si on t'a donné 100 000 $ d'actions à l'embauche, et que maintenant ça vaut dix millions, c'est pas bête d'en prendre deux» dans la poche, ajoute ce membre relativement récent de SecondMarket, préférant garder l'anonymat.

Du côté des acheteurs, ces plateformes représentent «une réaction inévitable au désir d'un vaste ensemble d'investisseurs qui veulent accéder aux meilleures occasions de placement dans des sociétés en croissance», explique M. Weir.

Techniquement, il n'y a pas de ticket d'entrée, seulement une commission de 2% à 5% à verser à la plateforme d'échanges.

Mais en réalité, il s'agit de plateformes d'élite hors de portée des petits investisseurs. Chez SecondMarket, Mme Iyer explique que 75 à 80% des acheteurs sont des investisseurs institutionnels.

Seuls 20% sont des investisseurs individuels, et plutôt fortunés: ils doivent correspondre à la définition d'un «investisseur accrédité» telle qu'elle est fournie par l'autorité des marchés financiers, la SEC. Cela signifie qu'ils disposent d'un revenu annuel d'au moins 200 000 $ depuis au moins trois ans, et/ou disposent d'un patrimoine d'au moins un million de dollars (hors résidence principale).

En outre les montants sont élevés: chez SharesPost, le vendeur doit lancer une offre de 50 000 $ minimum. Chez SecondMarket, les transactions tournent autour de deux millions en moyenne.

«C'est déjà une Bourse, un truc de financiers», se lamente l'investisseur récemment inscrit, notant que ces plateformes d'un nouveau genre ne sont déjà plus des outils permettant de repérer et accompagner de nouvelles entreprises.

Depuis la création de SharesPost en tous cas, la valorisation de Facebook est passée de moins de 7 milliards à plus de 50 milliards.