Le gouvernement Harper affiche la plus grande prudence dans le dossier de la superfusion entre le Groupe TMX, qui exploite la Bourse de Toronto, et la Bourse de Londres. Les partis de l'opposition, eux, s'inquiètent des retombées économiques de cette transaction annoncée hier.

Le premier ministre Stephen Harper a refusé de commenter cette transaction qui permettrait de créer un des plus grands marchés boursiers au monde.

Il a dit préférer attendre de voir si le gouvernement fédéral a le pouvoir d'examiner les avantages et les inconvénients de cette transaction en vertu de la Loi sur Investissement Canada.

«Il s'agit d'une transaction complexe. Il y a une loi en vigueur, la loi sur les investissements, qui permet d'examiner ces questions. Les provinces elle-mêmes ont des cadres réglementaires à suivre et tant que cela ne sera pas terminé, je ne ferai pas de commentaire sur cette transaction», a affirmé M. Harper.

En novembre dernier, le gouvernement Harper avait bloqué la tentative d'achat de la firme PotashCorp de la Saskatchewan par la société australienne BHP Billiton BHP. C'était la deuxième fois en 25 ans qu'Ottawa invoquait la loi sur les investissements pour bloquer une transaction jugée contraire aux intérêts du pays.

Le ministre de l'Industrie, Tony Clement, s'est montré tout aussi prudent au cours d'un point de presse en matinée. Il a affirmé que les fonctionnaires de son ministère vont évaluer si le gouvernement fédéral a le pouvoir de passer cette transaction au peigne fin.

«La première étape à suivre dans le cas de ces transactions consiste à savoir si les dispositions de la Loi sur les investissements au Canada s'appliquent. Si la réponse est oui, évidemment, mes fonctionnaires et moi allons revoir la transaction dans un délai de 45 jours», a affirmé M. Clement.

Si la fusion est approuvée, la valeur de la nouvelle entité serait d'un peu plus de 6 milliards de dollars. Les actionnaires de la Bourse de Londres détiendraient 55% des actions de la nouvelle société.

Inquiétudes à Queen's Park

À Toronto, le ministre ontarien des Finances, Dwight Duncan, a exprimé de vives inquiétudes au sujet de cette transaction, se disant convaincu que les décisions de la nouvelle entité seraient prises ailleurs qu'au Canada. Aux Communes, le chef du NPD, Jack Layton, a fait écho à ces craintes en pressant le gouvernement Harper d'obtenir des garanties que le Groupe TMX et la Bourse de Londres aient le même poids au sein de la nouvelle entité.

Pour sa part, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, s'est dit inquiet de la perte de la souveraineté économique du Canada si cette transaction va de l'avant. «Si on transfère le contrôle des Bourses de Toronto et de Montréal à Londres, est-ce que l'on va perdre les avantages que nous avons, surtout dans le secteur minier et dans d'autres secteurs où nous avons un leadership mondial? Je me pose la question .»