La dépréciation de l'indice boursier Standard&Poor's 500 qui dure depuis un mois marque le commencement d'un mouvement à la baisse qui fera chuter au cours de la prochaine année l'indice au niveau le plus bas de 2009, estime le gestionnaire de fonds Eric Sprott.

C'est que l'enveloppe de sauvetage de 1000 milliards US annoncée par les autorités européennes le 10 mai dernier n'a pas réussi à stopper la dégringolade des marchés boursiers dans le monde, ce qui montre que les investisseurs doutent que les efforts pour faire face à la crise de la dette en Europe seront couronnés de succès. Voilà du moins ce que croit M. Sprott, gestionnaire du Sprott Canadian Equity Fund, fonds commun de placement canadien d'au moins 1 milliard CAN qui s'est révélé le plus performant au cours des 10 dernières années. Face à la situation actuelle, M. Sprott achète de l'or et parie contre les actions.

M. Sprott fait le pari que les gouvernements dans le monde sont à court de munitions pour tenter de stimuler la croissance économique après avoir compensé les pertes bancaires par des dépenses sous forme de stimulants et par des taux d'intérêt bas. L'indice Standard&Poor's 500 a bondi de près de 80%, à la suite d'un creux de 12 ans le 9 mars 2009 après que le gouvernement américain eut dépensé, prêté ou garanti jusqu'à 9600 milliards US pour mettre fin à la crise financière.

«Cycle long et profond»

«Notre hypothèse, c'est que nous sommes aux prises avec un cycle long et profond et c'est ce que nous pensons depuis l'an 2000, précise M. Sprott. «Mais jusqu'à présent, les gouvernements et les banques centrales ont toujours tenté de conjurer la menace.»

Étant donné que les déficits budgétaires dépassent 10% du produit intérieur brut en Irlande, en Grèce, au Royaume-Uni et en Espagne, alors qu'ils se situent à 9,3% aux États-Unis, les décideurs sont forcés de réduire les dépenses, ce qui menace la croissance économique, estime M. Sprott.

Le Sprott Canadian Equity Fund a présenté un rendement de 519% au cours des 10 années terminées le 30 avril dernier, comparativement à une progression de 62% de l'indice composite canadien S&P/TSX. De son côté, le Sprott Hedge Fund, que l'investisseur de 65 ans gère également, a bondi de plus de 488% depuis sa création en novembre 2000.

Par contre, le pari de M. Sprott sur le molybdène, un métal utilisé pour renforcer les oléoducs, n'a pas donné les résultats escomptés.

L'an dernier, M. Sprott a fermé le Sprott Molybdenum Participation Corp., un fonds créé en 2007, après qu'il eut perdu 70% de sa valeur étant donné que le prix du métal a fondu.

En décembre dernier, M. Sprott a soutenu que l'indice Standard&Poor's 500 finirait par chuter sous les 676,53 points, soit son niveau de clôture du 9 mars 2009, mais sans préciser le moment auquel ce niveau serait atteint.