Le patron d'ICAP, le plus grand courtier interbancaire du monde, a considéré mercredi comme «rétrograde» la décision allemande d'interdire certaines opérations de ventes à découvert de produits financiers spéculatifs, quoique celle-ci profite à son propre groupe.

«C'est une mesure rétrograde, essentiellement dictée par la politique, qui sera, selon nous, contre-productive car elle rendra les gens plutôt plus nerveux que plus confiants dans les marchés financiers», a indiqué Michael Spencer lors de la présentation à la presse des résultats annuels d'ICAP.

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M. Spencer a noté toutefois qu'ICAP ne pâtirait pas de cette mesure, au contraire : «Cette décision va probablement accroître la volatilité, ce qui pourrait accroître les volumes» d'échanges sur les marchés. «Donc d'un point de vue égoïste et commercial, nous ne sommes pas contre. Je pense seulement que c'est un très mauvais développement pour l'ensemble des marchés financiers», a déclaré M. Spencer.

Les ventes à découvert sont une technique boursière qui permet à des opérateurs de marché, grâce à des mécanismes financiers sophistiqués, de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter à un moindre prix.

L'interdiction prononcée en Allemagne jusqu'à fin mars 2011 porte sur les ventes à découvert touchant les emprunts d'États de la zone euro, sur certains types de CDS (Credit default swaps, soit des couvertures contre le risque de faillite d'un pays ou d'une entreprise), et sur les actions de 10 institutions financières (banques et assurances).

Le régulateur allemand des marchés, le Bafin, a justifié cette mesure par «l'extraordinaire volatilité des titres de dette d'États de la zone euro» actuellement sur les marchés.

ICAP, qui fournit des services de courtage électroniques ou par téléphone sur tous les marchés (actions, matières premières, devises...), a annoncé mercredi une baisse de 34% de son bénéfice net part du groupe sur l'année achevée le 31 mars. Mais il a indiqué aussi que la nouvelle année financière «avait bien commencé pour lui», sur fond d'un grand retour d'inquiétude et donc, de volatilité.