Les Bourses mondiales s'affichaient en nette baisse mardi en milieu de journée, à l'instar de la monnaie unique européenne, les investisseurs préférant jouer la prudence après l'euphorie déclenchée la veille par l'adoption d'un mégaplan de sauvetage pour soutenir la zone euro.

Lundi, les places financières ont fini sur des hausses spectaculaires et parfois record: Paris a gagné près de 10% tandis que Wall Street a affiché sa plus forte progression de l'année.

Mardi, l'humeur était tout autre, les Bourses européennes ouvrant en net repli. Vers 5h20 (heure de Montréal), Paris perdait 1,91%, Francfort -1,05%, Londres -1,75%, Milan -1,94%, Madrid -3,75%, Lisbonne -2,40% et Athènes de -2,03%.

Ce retournement de situation n'a pas surpris la ministre française de l'Économie Christine Lagarde. Lundi, «les marchés ont donné une réponse excessive, (...) avec des montées d'indices comme on n'en avait pas vu depuis 20 ans, et comme on n'en avait jamais vu dans certains pays», a déclaré Mme Lagarde sur France Culture.

«Ca a été excessif, ça redescendra, ça se calmera», a-t-elle ajouté.

En Asie, les Bourses qui avaient également été emportées par la liesse lundi, ont accusé de franches baisses mardi, Tokyo abandonnant 1,14%, Shanghai touchant un plus bas niveau depuis un an et Hong Kong étant également en recul.

La prudence reste de mise alors que la monnaie unique, baromètre de la crise en zone euro, évoluait autour de 1,27 dollar mardi matin, effaçant son rebond de lundi qui l'avait propulsé brièvement au-dessus de la barre de 1,30 dollar.

Responsable de ce refroidissement, une communication de Moody's en fin de journée lundi.

L'agence de notation a répété qu'elle allait abaisser la note de la Grèce de manière «très certainement» significative, jugeant «possible», un ajustement en catégorie spéculative, ce qui signifie que la Grèce sera reléguée au niveau des investissements à haut risque. Pour le Portugal, elle prévoit aussi un abaissement.

Malgré l'énorme plan de 750 milliards d'euros décidées par les dirigeants européens et le Fonds monétaire international (FMI), «les inquiétudes demeurent», a commenté Hideaki Inoue, économiste à la Mitsubishi UFJ-Trust and Banking Corp.

«La question est de savoir si les gouvernement (des Etats européens qui sont endettés) peuvent faire passer des mesures d'austérité», a-t-il souligné.

La Grèce, dont la dette abyssale est à l'origine de la crise actuelle, a adopté lundi sa réforme des retraites, l'une des mesures phare d'une cure d'austérité, prévoyant des baisses des pensions pouvant aller jusqu'à 20%, en contrepartie de l'aide financière internationale.

Athènes va demander mardi un premier versement de 20 milliards d'euros dans le cadre de ce plan d'aide. Le versement de cette première tranche, dont l'UE doit prendre en charge 14,5 milliards d'euros et le FMI 5,5 milliards «doit être immédiate, peut-être dans la journée,» selon une source du ministère des Finances.

La Grèce doit honorer le 19 mai avec l'arrivée à échéance de prêts obligataires une dette de l'ordre de 9 milliards d'euros.

Sur le marché de la dette des États, la tendance est à la stabilisation, le taux de l'obligation grecque à 10 ans s'affichant à 7,382% et celui à 2 ans à 6,905% à 5h20, soit des niveaux proches de la veille. Ces taux avaient dégringolé lundi dans des proportions encore jamais vues depuis le début de la crise.

Outre la Grèce, le Portugal et l'Espagne ont également, à un niveau moindre, été la cible des spéculateurs en raison de l'état de leurs finances publiques. Selon le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, la France et l'Italie «doivent également faire plus pour réduire leur déficit».

De son côté, le FMI a rappelé mardi que l'endettement public avait atteint «la cote d'alerte dans la plupart des pays» européens.