L'électrochoc de mille milliards de dollars prodigué par les autorités politiques et monétaires à la zone euro a tonifié les places boursières, malmenées la semaine dernière par les attaques spéculatives et les craintes légitimes d'un débordement de la crise grecque.

Les principaux parquets européens ont connu une séance canon. Elles ont été dopées par les actions des banques qui avaient le plus à perdre d'une contagion.

De ce côté-ci de l'Atlantique, les gains ont été substantiels, bien que moins imposants. À Toronto, le S&P/TSX s'est gonflé de 2,18% à 11 947,90 points. À New York, la moyenne industrielle Dow Jones et le maître indice S&P 500 ont progressé d'environ 4%.

«Si le marché canadien a moins avancé, c'est qu'il avait moins reculé la semaine dernière, explique Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. Les aurifères et les télécoms avaient bien résisté et elles n'ont pas bougé hier.»

En contrepartie de cette euphorie, le marché obligataire, où se réfugient les investisseurs quand ils prennent peur, s'est beaucoup détendu. Le rendement des obligations fédérales américaine et canadienne venant à échéance dans 10 ans est repassé au-dessus des 3,5%.

Sur le marché des devises, l'euro a repris momentanément du tonus. Il est passé au-dessus de 1,31$US d'équivalence dans les minutes suivant l'annonce du plan de stabilisation, avant de se replier doucement sous la barre de 1,28$US.

«Il fallait donner un électrochoc pour réveiller le patient, souligne Frédéric Mayrand, premier vice-président, taux d'intérêt et changes chez BNP Paribas Canada. C'est réussi: il est réveillé, mais pas guéri.»

Voilà pourquoi la banque française maintient toujours sa prévision d'une parité euro-billet vert, d'ici la fin de l'année. Le plan de stabilisation dissipe les craintes de contagion, mais il signifie aussi que les économies de la zone euro connaîtront une faible croissance au cours des prochaines années.

Plus de la moitié de l'argent du plan sera garanti par les pays qui partagent l'euro. «Les marchés restent un peu incrédules, renchérit François Barrière, vice-président développement des affaires marchés internationaux à la Banque Laurentienne. L'argent pour aider la main droite vient de la main gauche.»

L'euro devrait revenir à 1,25$US d'ici la fin de la semaine, prédit-il.

Le retour à une certaine sérénité a été bénéfique pour le huard qui s'est apprécié de 1,83, cent face au billet vert à hauteur de 97,63 cents US. Il a aussi conservé ses acquis de la semaine dernière face à l'euro.

«Il reste encore beaucoup de spéculation, constate Claude Desautels, directeur marchés des changes chez BMO marchés des capitaux. Heureusement, le 19 mai fait moins peur.» Ce jour-là coïncide avec la maturité d'une grosse tranche des obligations grecques.

L'écart de rendement entre les obligations grecques et allemandes était de 365 centièmes en début d'année. Il s'est envolé à près de 1000 centièmes, ou 10 points de pourcentage, la semaine dernière et était revenu à 375 centièmes hier. «La spéculation contre les obligations des pays les plus sujets à faire défaut a diminué», constate Shaun Osborne, cambiste en chef chez TD Valeurs mobilières.

Dimanche, la valeur des paris contre l'euro à la Bourse mercantile de Chicago avait atteint un sommet de 16,8 milliards de dollars, selon le Financial Times. «Les spéculateurs qui misaient sur l'effondrement de la zone euro ont été sévèrement punis», juge Mathieu D'Anjou, économiste senior chez Desjardins.

Hier, les banques centrales d'Allemagne, de France et d'Italie ont commencé à acheter des obligations souveraines et corporatives sur le marché secondaire, conformément à l'annonce faite dans la nuit de dimanche à hier par la Banque centrale européenne (BCE). L'indice européen des swaps de défaillance Markit iTraxx a dégringolé en contrepartie.

La BCE va aussi profiter de la réouverture de lignes de crédits offertes par la Réserve fédérale américaine pour des prises en pension d'obligations contre des dollars, si les banques commerciales en ont besoin. Cela vise à stimuler le crédit interbancaire qui commençait à figer la semaine dernière.

Ces gestes ont propulsé les actions des institutions financières. En Espagne, un des pays les plus menacés par la contagion, l'action de la banque Santander a bondi de 23,2% et poussé l'indice Ibex 35 vers un gain quotidien de 14,43%, son plus élevé depuis sa création en 1992.

À Paris, le CAC 40 a connu la troisième meilleure séance de son histoire avec une avancée de 9,66%. Toutes les autres grandes places de la zone euro ont bondi.

En périphérie, Londres et Zurich ont connu aussi de jolies séances.

Dès l'annonce du plan d'aide, les marchés asiatiques avaient enregistré de fortes hausses. À la clôture, le Nikkei 225 (Japon) a pu consolider un gain de 1,6% et le Hang Seng (Chine) de 2,54%.

REBOND SPECTACULAIRE

EUROPE

FTSE 100 (Londres)

Variation hier

+5,2%

Var. depuis le début 2010

-0,5%

CAC 40 (Paris)

Variation hier

+9,7%

Var. depuis le début 2010

-5,5%

DAX (Francfort)

Variation hier

+5,3%

Var. depuis le début 2010

+1%

IBEX 35 (Madrid)

Variation hier

+14,4%

Var. depuis le début 2010

-13,3%

FTSE MIB (Milan)

Variation hier

+11,3%

Var. depuis le début 2010

-9,8%

ASIE

Nikkei 225 (Tokyo)

Variation hier

+1,6%

Var. depuis le début 2010

-0,15%

Hang Seng (Hong-Kong)

Variation hier

+2,5%

Var. depuis le début 2010

-6,6%

AMÉRIQUE DU NORD

S&P 500 (New York)

Variation hier

+4,4%

Var. depuis le début 2010

+4%

Dow Jones (New York)

Variation hier

+3,9%

Var. depuis le début 2010

+3,4%

S&P/TSX (Toronto)

Variation hier

+2,2%

Var. depuis le début 2010

+1,7%

Bovespa (São Paulo)

Variation hier

+4,1%

Var. depuis le début 2010

-4,6%

Avec AFP et Bloomberg