Les marchés boursiers se sont envolés lundi, soulagés par les 750 milliards d'euros mis sur la table pour soutenir la zone euro, un plan historique salué par les dirigeants politiques qui ont aussi insisté sur les efforts budgétaires nécessaires pour éviter toute rechute.

Attaqué la semaine dernière par des marchés qui doutaient de sa solidité, l'euro a repassé brièvement le seuil symbolique des 1,30 dollar avant de revenir à 1,2861 dollar vers 16h00 (heures de Londres).

Quant aux Bourses, elles se sont envolées, certaines enregistrant des rebonds historiques, regagnant le terrain perdu la semaine dernière: plus de 9% à Paris et Bruxelles, autour de 5% à Francfort, Zurich et Londres, cette dernière pourtant confrontée aux incertitudes de politique intérieure.

Le rebond le plus spectaculaire a été enregistré dans les pays fortement attaqués la semaine dernière: autour de 11% à Lisbonne et Milan, 9% à Athènes, 14% à Madrid, la plus forte hausse de son histoire.

L'euphorie a même gagné le continent américain avec +4,28% à Wall Street, +5% à Sao Paulo, + 6% à Buenos Aires.

Pendant tout le week-end, les dirigeants européens avaient travaillé d'arrache-pied pour présenter avant l'ouverture des Bourses les «mesures énergiques pour redonner confiance aux marchés» demandées par Barack Obama. Le président américain était intervenu face au risque d'extension mondiale de la crise, partie de craintes d'un défaut de paiement de la Grèce.

Au final, c'est un plan de sauvetage d'une ampleur inédite qui a été annoncé quelques heures avant l'ouverture des Bourses. Jusqu'à 60 milliards d'euros de prêts de la Commission européenne; jusqu'à 440 milliards en prêts et garanties via un organisme spécial; jusqu'à 250 milliards du Fonds monétaire international.

Pour faire bonne mesure, la Banque centrale européenne devait procéder à des achats de titres obligataires d'Etats, ce qui revient à leur prêter de l'argent, pour faire barrage à la spéculation. Les banques centrales allemande et française ont commencé à le faire dès lundi.

Cet accord inédit, qui marque un tournant pour l'Europe -- «un grand pas en avant» pour le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn --, a été salué par les politiques.

La ministre française de l'Economie et des Finances Christine Lagarde s'est réjouie que les Européens soient parvenus à un accord, ce qui «n'a pas été sans mal».

Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le plan «va assurer que toute tentative pour affaiblir la stabilité de l'euro échouera». Mais il faudra «renforcer la gouvernance économique et le respect des obligations que les Etats membres» ont en matière de déficits. La Commission doit faire mercredi des propositions en ce sens.

«Dans la zone euro, il faut plus de gouvernance économique, plus de coordination et de supervision des politiques économiques et budgétaires», a déclaré le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier.

Assurant que la BCE n'avait pas subi de «pression» pour avaliser cet accord qui déroge à ses principes, son président Jean-Claude Trichet a jugé «absolument crucial» que les gouvernements européens atteignent leurs objectifs fiscaux.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a longtemps hésité à s'engager, s'est réjouie d'un plan pour «renforcer et protéger l'euro». Mais il faut «attaquer les problèmes à la racine», soit les déséquilibres budgétaires, a-t-elle insisté.

Elle a montré l'exemple en renonçant aux baisses d'impôts promises dans les années à venir. Mme Merkel a subi dimanche un revers électoral dans lequel l'aide à la Grèce, très critiquée dans son pays, a certainement joué un rôle.

Le Portugal et l'Espagne, perçus comme des «maillons faibles» par les marchés, ont promis des mesures supplémentaires pour réduire leurs déficits. Madrid devrait ainsi réduire de 0,5 point de PIB le déficit en 2010 et de un point en 2011.

Le gouvernement grec a de son côté adopté lundi sa réforme des retraites, l'une des mesures phare d'une cure d'austérité, prévoyant des baisses des pensions pouvant aller jusqu'à 20%.

Le Premier ministre Georges Papandréou a demandé l'union sacrée des Grecs pour réaliser «les grands changements» nécessaires au redressement du pays, alors qu'une nouvelle manifestation est prévue lundi contre l'austérité.