C'est un scénario qui semble encore improbable pour certains. Mais il existe néanmoins. L'effet de contagion dont il est question en Europe pourrait se faire sentir de ce côté-ci de l'Atlantique.

Si la crise en Europe devait dégénérer, il pourrait y avoir de sérieuses conséquences pour l'économie américaine, affirme l'économiste Sal Guatieri, de la Banque de Montréal. «Principalement en raison des dommages collatéraux pour la confiance et le portefeuille des gens, mais aussi en raison de l'impact sur les exportations des entreprises américaines.»

Un euro qui perd de la valeur permet au billet vert de s'apprécier, ce qui met de la pression sur les exportateurs américains. Une glissade continue des indices boursiers nord-américains risque par ailleurs de miner la confiance des consommateurs et d'affecter les dépenses de ces derniers, croit l'économiste.

Il faudrait aussi craindre les effets sur le déjà fragile marché immobilier américain (résidentiel et commercial). Les prix des propriétés pourraient de nouveau reculer et déclencher une nouvelle vague de saisies. «Cette situation aurait un impact sur les banques américaines», ajoute-t-il.  

À ses yeux, l'élément le plus inquiétant est le fait que contrairement à la dernière crise, le gouvernement ne possède pas autant de cartes dans son jeu pour intervenir cette fois. Les taux d'intérêt, notamment, sont déjà au plancher. La stratégie de sortie pourrait ainsi être repoussée jusqu'en 2012. «On peut réaliser que la Fed ne plaisantait pas quand elle disait déjà il y a un an qu'elle allait garder les taux au plancher pour une période prolongée.»

***

Le stratège David Rosenberg, chez Gluskin Scheff, admet que le plongeon extrême qui s'est effectué en Bourse pendant une vingtaine de minutes jeudi après-midi est le moment le plus étrange qu'il a passé devant un terminal Bloomberg depuis le début de sa carrière. Il souligne que l'histoire la plus importante jeudi n'était pas une possible erreur technique qui a pu faire plonger les Bourses, mais le fait que les risques de contagion dans la zone euro deviennent réalité. Le «bear market rally» qui a commencé en mars 2009 est maintenant officiellement terminé, selon lui. Une restructuration de la dette est la seule option. «Ce n'est pas seulement en Grèce. Toute la «région Club Med» d'Europe (les PIIGS) partage le même problème: un endettement trop élevé par rapport à la grosseur de l'économie.***

Cette semaine encore les résultats financiers d'entreprises seront nombreux à être analysés. Au Canada, ceux de Semafo, de la Financière Power et de Power Corporation (propriétaire de La Presse) seront publiés mardi. Ceux de Quebecor et de Rona sont attendus mercredi. Gildan, CAE, Cascades, Canadian Tire et Tim Hortons doivent présentés leurs chiffres jeudi, tandis que ceux de la minière montréalaise Osisko seront divulgués vendredi.

***

Avec la pénible semaine que vient de connaître le secteur des techs en Bourse, les résultats que Cisco (membre de l'indice Dow Jones) publiera mercredi retiendront l'attention. De façon générale, Cisco a l'habitude de surpasser les attentes des analystes. Sony, Electronic Arts (mardi) et Disney sont d'autres grandes entreprises qui dévoileront leurs plus récents résultats d'ici vendredi.

***

Mardi, le constructeur japonais Toyota publiera des résultats trimestriels pour la première fois depuis que les dirigeants de l'entreprise se sont faits grillés à la fin février par les politiciens à Washington à propos des problèmes de la compagnie avec ses Prius.

***

Plusieurs assemblées d'actionnaires de grosses compagnies sont prévues au cours de la prochaine semaine, dont celles de Ford (jeudi à Wilmington, dans le Delaware), Google (jeudi à Mountain View, en Californie) et Intel (mardi à Santa Cara, en Californie).