Les spéculateurs sont dans le collimateur des dirigeants européens, qui les rendent responsables de la crise grecque et de la chute de l'euro et qui aimeraient les contrôler, mais les complexes mécanismes de marché rendent leur identification difficile.

La vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a dénoncé vendredi «les attaques spéculatives inacceptables» qui parient sur une banqueroute de son pays.

Le président français, Nicolas Sarkozy, clame qu'il refuse de laisser «la spéculation agir à son gré pour déstabiliser tel ou tel pays».

Et les dirigeants de la zone euro, réunis vendredi soir à Bruxelles, comptent afficher leur détermination à «avancer rapidement sur la régulation et la supervision des marchés financiers», selon un projet de déclaration finale.

«Nous n'avons plus de temps à perdre, cela doit aller vite», a souligné la chancelière allemande, Angela Merkel, qui évoque «un combat des politiques contre les marchés».

En France, le président du gendarme boursier (AMF), Jean-Pierre Jouyet, a déjà promis de «taper sur les doigts de tous ceux qui se sont mal comportés». Avec l'aide de rien de moins que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour collecter des indices.

Et M. Jouyet de promettre: «Que ce soit des banques françaises, que ce soit des banques étrangères qui opèrent à Paris, que ce soit des fonds à Paris, à Berlin, à Londres, peu m'importe, dès que j'aurai, par tous moyens, des comportements de marché anormaux, il y aura enquête et sanctions.»

Cette réaction illustre le fond du problème: si tous accusent les «spéculateurs financiers internationaux», personne ne sait vraiment qui ils sont.

Le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, répète d'ailleurs à l'envi son intention de «mettre de la lumière sur des gens qui n'en ont pas l'habitude».

Moraliser le secteur financier et le rendre plus transparent sont les grands axes des actions entreprises par l'UE face à la crise.

L'Europe a commencé à s'attaquer aux coupables présumés, à commencer par les bien nommés fonds spéculatifs.

Une nouvelle législation européenne, toujours en négociation, devrait les obliger à s'enregistrer et à respecter certaines règles de bonne conduite.

Des règles similaires s'appliqueront dès décembre pour les agences de notation, accusées d'avoir nourri les turbulences en dégradant brutalement leur évaluation de pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal.

Et les Européens parlent déjà de durcir ces règles, voire de créer leur propre agence pour faire contrepoids aux sociétés américaines comme Standard and Poor's qui dominent le secteur.

Autres suspects: les banquiers, que beaucoup veulent taxer pour les responsabiliser.

Angela Merkel a dénoncé le «comportement très perfide» des institutions financières, massivement renflouées par les États et qui spéculent aujourd'hui sur les dettes publiques qu'elles ont contribué à creuser.

Le cas d'espèce est l'américaine Goldman Sachs, accusée de montages financiers douteux sur la dette grecque et de fraude dans le cadre de la vente de produits adossés aux «subprime», les crédits immobiliers à risque qui avaient provoqué la crise financière mondiale.

Faute enfin d'identifier formellement les spéculateurs, les autorités s'attaquent à leurs outils.

Les Européens comme les Américains préparent ainsi des mesures pour rendre moins opaques et discipliner les échanges de produits financiers dérivés, adossés à des matières premières, des prêts immobilier ou des obligations d'État.