Que faire quand la Grèce nage en pleine tourmente, que les Prix Nobel d'économie jouent les prophètes de malheur et que les Bourses décrochent soudainement comme hier, faisant craindre le pire pour nos précieuses épargnes? En gros, on prend trois grandes respirations, puis un bon verre d'eau, et on reste zen.

C'est le message qu'ont envoyé hier les conseillers financiers et gestionnaires de portefeuilles à tous ceux qui s'inquiètent de voir leurs économies être - encore! - entraînées dans une spirale descendante.

 

«LA chose à ne pas faire, c'est de céder à la panique et de vendre. Il faut revenir à la base et retourner à la stratégie à long terme», martèle Richard La Ferrière, chef de région chez TD Waterhouse - planification financière.

«Ne regardez pas les vagues qui frappent le bateau, parce que vous allez attraper un mal de mer incroyable. Regardez à l'horizon, regardez où vous allez», conseille aussi Jean-Paul Giacometti, associé chez Gestion Claret. Si la journée d'hier a été particulièrement dure sur les nerfs des investisseurs, c'est finalement une suite d'erreurs qui a provoqué la panique qui a secoué les marchés. Bref, il n'y a rien là qui justifierait de retirer ses billes de la Bourse pour empiler des billets sous son matelas.

Reste les problèmes d'insolvabilité de la Grèce, qui pourraient contaminer des pays comme le Portugal, l'Espace, l'Italie et l'Irlande.

«C'est inquiétant, c'est sûr, admet Richard La Ferrière. Mais si l'horizon de placement est à long terme, il n'y a pas lieu de paniquer.»

En fait, la panique des investisseurs peut être due à deux choses, dit Jean-Paul Giacometti. Ou bien votre situation financière est tellement serrée que vous avez besoin de bons rendements à court terme pour vous sortir du trou. «Dans ce cas, ça veut dire que vous n'avez pas assez épargné», dit le spécialiste.

Éviter les crises cardiaques...

Si vous avez assez épargné mais que vous ne parvenez toujours pas à dormir la nuit, il se peut que votre portefeuille soit trop exposé aux fluctuations pour ce que vous êtes capable de tolérer, parce qu'il est surpondéré en actions, par exemple.

«Si vous jugez que c'est le cas, écrivez ça quelque part, ne changez pas d'idée dans six mois quand ça va aller bien, et changez votre répartition d'actifs tranquillement, sans vente de feu», dit M. Giacometti, dont la philosophie d'investissement est de «maximiser le rendement à long terme... en minimisant les inquiétudes à court terme.»

«C'est beau de dire à quelqu'un: ne t'inquiète pas, tu vas faire du 10% pour les 20 prochaines années. Mais si tu fais quatre crises cardiaques entre temps...»

Stéphane Gagnon, gestionnaire de portefeuille chez Groupe Fonds des professionnels, souligne que la santé des entreprises en Bourse reste solide et croit que le «nuage» européen finira par se dissiper.

«On s'assoit sur nos titres», lance-t-il aussi comme mot d'ordre.