Un marché hyper nerveux. Une erreur sur des transactions. Et le Dow Jones plonge de près de 10%, son pire recul en une journée depuis le krach de 1987.

Retenez bien l'heure, car la chute a été brève et brutale. À 14h46, le Dow a plongé à 9872,57 points, en baisse de 998,5 points ou de 9,2% par rapport à la fermeture de la veille. Quelques minutes plus tard, il revenait autour des 10 500 points, pour finir la séance à 10 520,32, en baisse de 3,2% par rapport à mercredi.

> Réagissez sur le blogue de la Bourse de Richard Dufour «Ça a été un vent de panique très bref», explique Charles Huot, directeur général, ventes institutionnelles, chez BMO Marchés des capitaux.

Dans cette panique, cinq titres ont été particulièrement varlopés. Le pire, celui d'Accenture, qui est passé de plus de 41$US à... 1 cent! Toujours à 14h46, avant de remonter à un niveau normal. Les autres titres: Procter and Gamble, Century Tel, 3 M et ADP, qui ont eux aussi connu le même type de variations anormales pendant quelques secondes.

Que s'est-il produit? «Une firme américaine, pour ne pas la nommer, Citigroup, sans qu'on puisse garantir que ce soit elle, serait arrivée avec un programme de ventes et qui, au lieu de vendre 15 millions, aurait vendu 15 milliards», explique encore M. Huot. Dans le jargon, on appelle ça un «Fat Finger Trade» ou, si vous préférez, une transaction faite par un courtier qui a les mains pleines de pouces.

Hier, Citigroup disait enquêter sur l'incident, n'ayant pas de preuve qu'il se soit produit.

Une autre explication est possible et peut même être compatible avec la première: voyant la très grande volatilité sur les marchés hier après-midi, des courtiers qui se spécialisent dans l'arbitrage entre les prix d'un même titre sur les différentes Bourses américaines - les «high-frequency traders» qui profitent d'un cent ou deux de différence entre la Bourse A et la B - ces courtiers, donc, se seraient retirés. «C'est ce qui aurait amené des ventes marquées sur certains noms», explique encore M. Huot.

Après cette séance de fou, la Bourse de New York a reconnu qu'il y avait eu «un certain nombre de transactions erronées», pour reprendre les propos de Rich Adanomis, porte-parole du NYSE.

Les autres places américaines ont aussi connu de bons plongeons en cours de séance. Toronto a semblé bien loin de sa grande soeur américaine, ne perdant que 3,8% au pire de la journée pour finir la séance avec un recul de 32,7 points ou un maigre 0,3%.

Encore l'Europe

Malgré la remontée de fin de journée, les marchés demeurent nerveux. Très nerveux.

Le VIX, qui mesure leur volatilité, a fait un bond de 32% à 32,80 points hier.

Outre les erreurs, l'Europe amène aussi son lot de craintes. Le dollar canadien a écopé, perdant plus de 2 cents US face au billet vert, à 95,03 cents US.

«La Banque du Canada n'augmentera pas ses taux dans un environnement comme celui-ci», a lancé John Curran, vice-président principal chez CanadianForex, à Toronto. Si elle s'avérait, cette décision rendrait la monnaie canadienne moins attrayante pour les étrangers.

L'euro a également décroché face au dollar américain, tombant à 1,2523.

«On a peur que si les émeutes s'aggravent vraiment en Grèce, le gouvernement recule. Les aides seraient suspendues et le pays en serait réduit à faire défaut», a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.

Les financières ont particulièrement écopé à New York. Bank of America a cédé plus de 7% et JPMorgan Chase, 4,3%.

À Toronto, le secteur de la «consommation autre», avec les Magna, Dorel et Thomson Reuters, a particulièrement bien fait, finissant la journée en hausse de près de 2% collectivement.

Les trois grands perdants canadiens ont été la finance, l'énergie et les services publics.

UN FAIBLE GAIN EN 2010

S&P/TSX

En 2010

0,82%

Depuis 1 an

16,75%

Dow Jones

En 2010

0,88%

Depuis 1 an

23,59%