Malmené par la crise financière et la récession depuis deux ans, le volume d'activité à la Bourse de Montréal dans les produits dérivés est reparti en forte hausse.

Même que son produit vedette, les contrats à terme BAX liés au taux d'intérêt, pourrait établir très bientôt un nouveau record de transactions.

«Nos contrats BAX servent à prémunir les gros portefeuilles de l'impact des fluctuations de taux d'intérêt. Chaque fois qu'un dirigeant de la Banque du Canada commente sur les taux, c'est bon pour la Bourse de Montréal», a résumé son président, Alain Miquelon, en entretien avec La Presse Affaires.

Depuis des semaines, les spéculations sur la remontée des taux d'intérêt agitent les marchés financiers au Canada et aux États-Unis.

De plus, les investisseurs étrangers se bousculent comme jamais pour acheter des valeurs mobilières en dollars canadiens, en particulier des titres touchés par la hausse attendue des taux d'intérêt.

À la Bourse de Montréal, cette «conjoncture redevenue très favorable» selon son président se traduit par un rebond du volume d'activité de 25% par rapport à l'an dernier.

Ce rebond est encore plus prononcé pour les contrats à terme liés aux taux d'intérêt.

En date d'hier, le volume moyen de transactions des BAX était rehaussé à 71 000 contrats par jour. C'est presque 10 000 de plus qu'il y a un mois à peine. Aussi, c'est trois fois plus que le volume le plus bas (20 000 contrats) atteint en février 2009.

À ce rythme, l'atteinte d'un nouveau sommet à plus de 90 000 contrats par jour est attendue d'une semaine à l'autre, croit Alain Miquelon.

En contexte, le précédent record d'activités pour les contrats BAX remonte à février 2007.

C'était quelques mois avant la crise des papiers commerciaux non bancaires (PCAA) au Canada, qui avait frappé le marché canadien des titres liés aux taux d'intérêt.

Ont suivi la grave crise financière d'origine américaine à l'automne 2008 et la récession dans plusieurs pays industrialisés en 2009.

Cette conjoncture a forcé les banques centrales à sabrer les taux d'intérêt, freinant du coup le marché des produits dérivés liés aux taux.

Par ailleurs, le revirement positif de conjoncture profite aux résultats d'exploitation de la Bourse de Montréal, dont les revenus dépendent très majoritairement des tarifs sur les transactions.

«Nous avons récupéré presque toute la perte de revenus survenue durant la crise financière et la récession, qui fut de l'ordre de 15%», selon Alain Miquelon.

Mais avant d'en dire plus, il doit attendre les prochains résultats trimestriels du Groupe TMX, la société torontoise qui chapeaute les Bourses de Toronto et de Montréal. Ces résultats sont attendus mercredi prochain, le 28 avril.

Néanmoins, la baisse des revenus à la Bourse de Montréal s'est avérée moins mauvaise que le repli du marché de son produit vedette: les contrats BAX.

La raison: les autres produits dérivés cotés à Montréal ont progressé malgré la crise, en particulier les options sur des actions de grandes entreprises et les parts de fonds négociés (FNB) qui sont cotées à Toronto.

Aussi, la Bourse de Montréal a poursuivi la diversification de ses revenus alors qu'elle consolidait des fonctions administratives avec le Groupe TMX, après son acquisition au début de 2008.

Entre autres, elle a obtenu le contrat de gestion de l'un des plus importants systèmes de compensation parmi les institutions financières au Canada.

Ce système, où transitent chaque année plusieurs centaines de milliards en actifs financiers, devait être rénové après avoir été mis à très rude épreuve au cours de la crise financière.

Enfin, sur le plan des effectifs, la Bourse de Montréal a presque retrouvé le nombre de 230 employés d'avant son acquisition par le Groupe TMX. Selon Alain Miquelon, ce regain découle de l'embauche d'employés liés à la gestion et le développement des activités de marché de l'entreprise. «Nous avons rajouté des postes à plus de valeur ajoutée pour la Bourse de Montréal. Et nous avons encore plusieurs postes à combler», a-t-il souligné.