Quatre facteurs importants pour les investisseurs.

1 - RATIO COURS/BÉNÉFICES

Présentement, le ratio des cours boursiers américains par rapport aux bénéfices anticipés pour l'année 2010 est autour de 15. Or, il est assez rare que les cours dépassent ce seuil, observe Martin Roberge, stratège et analyste quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee.

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«Le marché est pleinement valorisé, soutient-il. Soit il y aura une correction à la baisse, soit il y aura une correction latérale, c'est-à-dire un marché qui ferait du surplace pendant un certain temps.» Au moins le temps que le marché prenne en considération les prévisions de bénéfices pour 2011, à partir du deuxième semestre.

M. Roberge suggère de conserver les actions, mais de ne pas ajouter d'argent et d'attendre de nouvelles occasions.

Pour Jean-Sébastien Garant, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Sigma Alpha Capital, un niveau de 15 fois les bénéfices n'est pas encore dispendieux. «C'est une valorisation raisonnable. Nous n'avons pas de ratio cible , mais dans une optique de croissance des bénéfices d'au-delà de 30%, ce n'est pas super cher. C'est davantage un support pour le marché.»

2 - LA TENDANCE DES RÉSULTATS

La tendance des résultats financiers des entreprises est à la hausse depuis plusieurs trimestres. Si cette tendance se poursuit, ce à quoi s'attendent les analystes, elle pourrait soutenir le marché boursier.

«On a critiqué le fait que la hausse des profits provienne d'une réduction des coûts, note Luc Fournier, gestionnaire de portefeuille à l'Industrielle Alliance. Mais dans le dernier trimestre, plusieurs sociétés ont démontré que les revenus sont à la hausse. Pour moi, c'est une belle observation.»

«Les investisseurs paient moins cher pour des profits qui viennent d'une réduction de coûts que pour des profits qui proviennent d'une croissance des ventes, explique Jean-Sébastien Garant, de Sigma Alpha Capital. Si l'économie américaine réussit à croître de près 3%, il y a de bonnes chances qu'il y ait une croissance des ventes. Si c'est le cas, ce sera un autre stimulus pour le marché.»

Pour Hugo Ste-Marie, stratège adjoint chez Scotia Capitaux, les profits devraient continuer à s'améliorer et pousser le marché boursier à la hausse, même si ce n'est pas aussi rapidement que dans les derniers trimestres. Scotia Capitaux vient d'ailleurs de réduire son allocation d'actifs de 68 à 65% d'actions.

Luc Fournier croit aussi que les résultats peuvent s'améliorer encore. «On en a peut-être une indication par le fait qu'on commence à voir de la création d'emplois», dit-il. Et qui dit création d'emplois dit consommation à la hausse. «Ça va venir aider le top line pour plusieurs secteurs.»

3 - LA DEVISE AMÉRICAINE

Durant les dernières années, le dollar américain a perdu des plumes face aux autres devises. Cela a maintenant un effet bénéfique sur les perspectives boursières, surtout celles des grands indices américains.

«Cette baisse fait que les multinationales américaines sont très compétitives à travers le monde maintenant», note Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser.

La récente remontée du billet vert par rapport à l'euro n'efface pas cet avantage, selon M. Durand, qui mise sur une stabilisation du dollar. La croissance économique anticipée reste bien meilleure aux États-Unis (près de 3%) qu'en Europe (autour de 0,5%). Même si l'endettement américain atteint 92% du PIB dans cinq ans, cela reste sous la moyenne européenne. «On voudrait voir les États-Unis dans une meilleure situation, mais l'Europe ne fait pas beaucoup mieux et connaîtra moins de croissance», estime Denis Durand.

La croissance globale proviendra en fait des États-Unis et des pays émergents. «Toute croissance des pays émergents va favoriser les multinationales américaines», affirme M. Durand. «Si vous pouvez acheter ces titres de multinationales à des ratios financiers plus avantageux qu'en Europe et qu'en plus la monnaie se stabilise, ça me semble être préférable de mettre plus d'argent de ce côté-là.»

4 - DE L'ARGENT SUR LES LIGNES DE CÔTÉ

Pendant la récession, beaucoup d'investisseurs ont placé leurs billes dans les marchés monétaires pour fuir la tempête boursière. Le retour massif de cet argent encore placé «sur les lignes de côté» ne semble pas pour tout de suite, ce qui devrait tempérer les Bourses.

Hugo Ste-Marie, de Scotia Capitaux, souligne que pour l'instant, l'argent du marché monétaire s'est retourné principalement vers le marché obligataire. «On ne pense pas que c'est là qu'il faut aller. Il faut plutôt continuer d'aller vers les actions, même si le potentiel est moins grand qu'il y a un an.»

Néanmoins, il ne s'attend pas à des entrées massives sur le marché dans les prochains mois. «Les investisseurs ont été pas mal échaudés dans la dernière décennie. Cela pourrait tempérer les apports de liquidités sur les marchés boursiers. Il n'y aura pas de chiffres records de ce côté-là.»

Luc Fournier, de l'Industrielle Alliance, n'observe pas de transferts vers les fonds d'actions, mais un peu plus vers les fonds diversifiés.»

Cela signifie que les investisseurs reviennent tranquillement, mais pas purement, dans les actions. «Cela prendra probablement un peu de temps avant de voir l'argent aller directement vers les fonds d'actions», estime M. Fournier.