Alors qu'une hausse de taux d'intérêt se profile à l'horizon, un dilemme se pose: faut-il vendre ou garder ses titres à revenus fixes? En effet, quand les taux montent, les titres à revenus fixes ont tendance à baisser, puisqu'ils perdent de leurs attraits relatifs par rapport aux titres gouvernementaux, moins risqués.

Revenons sur le contexte. Depuis quelques mois, les économistes prévoient que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, remontera son taux directeur, aujourd'hui à un plancher de 0,25%. Ce taux dicte le niveau des autres taux d'intérêt (obligations, hypothèques, prêts commerciaux, etc.), du moins à court terme.

Le patron de la Banque centrale a maintes fois répété qu'il gelait son taux jusqu'à la fin de juin prochain, «sous réserve de pressions inflationnistes». Passé cette échéance, la plupart des économistes tablent sur une hausse. Seule divergence: la rapidité et le niveau de la hausse.

Face à cette éventualité, les investisseurs doivent s'interroger sur l'opportunité de conserver ou de vendre leurs titres à revenus fixes. Pour guider ses choix, le gestionnaire de portefeuilles Hugues Dubeau, de Dubeau Capital, divise les titres en trois catégories: les actions privilégiées, les actions ordinaires à fort dividende et les obligations d'entreprises.

Dans le premier cas, il constate que ces actions, parfois émises par les banques, ont offert de bons rendements depuis un an. Le problème, c'est que ces actions ne sont, bien souvent, pas rachetables au gré des détenteurs. Autrement dit, elles n'ont pas de prix fixe de rachat à une échéance donnée, prix fixe qui permettrait aux investisseurs d'avoir un certain rendement garanti.

Pour ce genre d'actions privilégiées, Hugues Dubeau se dit donc davantage vendeur, compte tenu de la hausse des taux à l'horizon.

L'analyse est différente dans le cas des actions ordinaires. Certes, de telles actions à fort dividendes, comme celles de Thomson Reuters, seraient influencées à la baisse par une poussée des taux d'intérêt. Cependant, elles varient aussi en fonction des résultats financiers de l'entreprise.

Or, explique-t-il, une remontée des taux d'intérêt serait dictée par une reprise économique significative, avec l'inflation comme principal symptôme. Qui dit reprise, dit croissance des profits et possiblement hausse du cours des actions. Il n'est donc pas clair qu'une hausse des taux serait accompagnée d'une baisse du cours de ces actions ordinaires.

Obligations

Enfin, il y a les obligations des grandes entreprises. Depuis la fin de 2008, début 2009, ces obligations ont grimpé de 20 à 25%. L'investisseur qui vendrait pourrait empocher un gain en capital appréciable.

Cependant, contrairement aux actions privilégiées ci-haut, ces obligations offrent un rendement garanti aux détenteurs si elles sont détenues jusqu'à l'échéance (et si l'entreprise ne déclare pas faillite, bien sûr!). En outre, il est possible qu'avec la croissance économique, ces obligations soient perçues moins risquées et que l'écart de taux rétrécisse avec les obligations du Canada, ce qui ne les ferait donc pas baisser significativement.

Hugues Dubeau croit qu'à tout événement, les taux ne monteront pas de façon vertigineuse parce que l'économie, surtout américaine, est encore fragile. «On ne vend pas encore nos obligations», dit-il.