Apeurés par la tempête économique, les dirigeants d'entreprise ont accumulé un niveau record de liquidités, ces dernières années. En ouvrant les vannes, ils déclencheront bientôt une vague de fusions et acquisitions.

On voit déjà les premiers signes à l'horizon, selon Martin Roberge, stratège quantitatif chez Dundee Valeurs mobilières.

Par exemple, la société norvégienne de fertilisants Yara International a raflé sa rivale américaine Terra Industries pour 4,1 milliards US, cette semaine. Et le propriétaire américain de centres commerciaux Simon Group Properties a offert 10 milliards US, dont 9 milliards en argent comptant, pour General Growth Properties.

Ces récentes transactions démontrent que les dirigeants d'entreprise reprennent confiance et qu'ils sont prêts à redéployer leur argent.

«Attendez-vous à plus de fusions et acquisitions en 2010, des transactions qui inciteront certainement des cavaliers blancs à se lancer dans des surenchères», note M. Roberge, dans un rapport publié hier.

Plus de transactions, mais aussi plus de programmes de rachat d'actions, et plus d'augmentation de dividendes. Tous ces facteurs soutiendront les marchés boursiers pour le reste de l'année, estime le stratège.

L'argent s'accumule

C'est que les sociétés non financières, partout dans le monde, ont dégagé des flux monétaires libres (free cash-flow) de 3600 milliards US en 2009. Un sommet historique! Ces flux représentent 10% de la valeur économique des sociétés, par rapport à 8% en 2007, et à moins de 5% au milieu des années 90.

Tout cet argent gonfle les coffres des sociétés qui doivent le réinvestir, soit en rachetant leurs propres actions, soit en augmentant le dividende versé aux actionnaires, soit en achetant des concurrents.

Au Canada, les sociétés non financières ont les coudées franches. Elles ont dégagé des flux records de 143 milliards en 2009, ce qui équivaut à 11,7% de leur valeur économique. «Il s'agit du niveau le plus élevé des pays du G7», souligne M. Roberge.

Parmi les secteurs qui dégagent beaucoup d'argent, on retrouve les télécommunications, l'énergie, la consommation et les sociétés industrielles. «Les télécoms offrent peu d'occasion de fusions et acquisitions, mais les sociétés seront en bonne position pour augmenter leur dividende. C'est pourquoi il s'agit de notre choix défensif préféré», expose M. Roberge.

De plus, les secteurs de l'énergie et des sociétés industrielles, qui sont encore très fragmentés, seront un terreau fertile pour des fusions et acquisitions.

Au Canada, ces deux secteurs sont déjà en tête depuis presque de trois ans. Au troisième trimestre de 2009, ils ont généré près de la moitié (47%) du volume total de fusions et acquisitions, selon les statistiques compilées par la société d'investissement Crosbie.