Après une remontée qui avait fait croire au retour des beaux jours, les investisseurs ont battu en retraite hier en l'absence de signes clairs de reprise économique, et c'est la Bourse de Toronto qui en a souffert le plus.

Les titres liés au pétrole et autres produits de base ont plongé et l'indice S&P/TSX perdait plus de 330 points en mi-journée hier. En fin de séance, la perte était de 255,67 points, soit 2,5%, la pire dégringolade en deux semaines.

Cette correction était plus ou moins attendue par les analystes, parce que les prix du pétrole et des produits de base avaient augmenté rapidement récemment, en même temps que l'espoir d'une fin prochaine de la récession.

Le marché ne va jamais en ligne droite, rappelle Luc Fournier, gestionnaire de fonds à l'Industrielle-Alliance. «On aimerait voir des signes de reprise très clairs mais ce n'est pas ce qui se passe», explique-t-il, en rappelant que les marchés financiers sont des marchés de perception.

Et les perceptions, actuellement, sont plutôt négatives. «Les chiffres sur l'emploi publiés la semaine dernière aux États-Unis, plus mauvais que prévu, ont fait mal», précise-t-il.

Les perspectives de reprise s'éloignant, le pétrole brut a continué sa glissade entamée la semaine dernière et perdu encore 2,68$US, à 64,05$US.

Au Canada, dont le principal produit d'exportation est le pétrole brut, l'effet a été direct. Tous les titres liés au pétrole ou aux produits de base de la Bourse de Toronto ont plongé, les pertes les plus importantes étant celles de Suncor Energy, qui a perdu jusqu'à 6,4% de sa valeur, et d'Equinox Minerals, qui a été rétrogradé de 13%.

À New York, les marchés se sont mieux tirés d'affaire, grâce surtout à des nouvelles encourageantes du côté du secteur des services. L'indice Dow Jones a même fini la journée en terrain positif et le S&P 500 a gagné 2,3 points. L'indice NASDAQ a de son côté laissé échapper 9,12 points.

Le dollar canadien a pris 0,19 cents US, à 86,27$US mais la Bourse de Toronto, très liée à l'énergie et aux métaux, n'a trouvé aucune bonne nouvelle pour soutenir son cours.

Selon Luc Fournier, le raffermissement du dollar américain met aussi une pression à la baisse sur le prix du pétrole, qui amplifie l'effet négatif sur la Bourse canadienne. «Quand l'incertitude économique augmente, les investisseurs recherchent le dollar américain comme monnaie refuge», explique-t-il.

La prochaine ronde de résultats trimestriels des entreprises, qui sera lancée demain par Alcoa, pourrait diminuer cette incertitude. «On va mieux savoir à quoi s'en tenir», estime le gestionnaire. Si les pertes des principales entreprises américaines se stabilisent ou diminuent, l'espoir pourrait renaitre, estime-t-il.

À moyen terme, les perspectives sont bonnes pour les produits de base, du moins selon les analystes de UBS, qui viennent de relever leurs prévisions pour le prix des métaux, à l'exception de celui de l'aluminium.

Une autre firme américaine, Morgan Stanley, estime que le pire est derrière nous pour les métaux et les produits de base. Ses analystes tablent sur une remontée du prix des métaux, encouragée par les programmes gouvernementaux de stimulation économique. La Chine, plus important consommateur de produits de base dans le monde, a déjà accru ses importations de fer, de cuivre et d'aluminium grâce aux mesures de stimulation de l'économie de son gouvernement. Éventuellement, ces mesures devraient déclencher une reprise durable de la croissance de la demande, estime Morgan Stanley.