Les produits dérivés négociés de gré à gré qui ont contribué à l'effondrement de Lehman Brothers et d'American International Group (AIG) devront être échangés de façon plus transparente afin d'éviter de telles catastrophes, affirme le PDG du principal marché boursier canadien.

«Nous étions assez près d'un effondrement et je crois que les marchés qui offrent une compensation multilatérale (multilateral clearing) sont une partie de la solution», a dit Thomas Kloet, chef de la direction du Groupe TMX, qui regroupe les Bourses de Toronto et de Montréal. Les organismes de réglementation «doivent se pencher là-dessus», croit-il.

Kloet joint sa voix à celle du secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, pour demander que les échanges de produits dérivés négociés de gré à gré aient lieu sur les marchés réglementés. Les transactions dans ce marché de 684 000 milliards sont habituellement faites par téléphone entre les banques et leurs clients.

Environ 16% des revenus du TMX, à Toronto, proviennent de l'échange de produits dérivés.

Le changement proposé pourrait réconcilier les points de vue divergents du milliardaire Warren Buffett et d'Alan Greenspan, selon Kloet. Buffett, président et directeur de Berkshire Hathaway, a déjà appelé les produits dérivés des «armes financières de destruction massive». Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, au mois de février, Buffett a dit qu'une plus grande transparence ne réglerait pas les problèmes causés par les produits dérivés.

De son côté, M. Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine de 1987 à 2006, a dit depuis 2002 que les produits dérivés - des contrats utilisés pour miser sur à peu près tout, du prix des obligations jusqu'aux températures - réduisent les risques.

«Je crois» que cela réduit l'écart entre la vision de Buffett et celle de Greenspan parce que les produits dérivés échangés sur les Bourses sont moins risqués, a dit M. Kloet. Par l'intermédiaire des Bourses, les investisseurs en titres négociés de gré à gré auraient plus d'informations sur les prix, ce qui réduirait les risques, a dit M. Kloet.

«Presque tous les problèmes liés à la crise économique» proviennent des produits dérivés négociés de gré à gré, a dit M. Kloet.

Les produits dérivés sont des contrats dont la valeur est liée à des actifs, comme des actions, des obligations, des matières premières et des devises, ou à des événements comme des changements dans les taux d'intérêt ou la température.

Réglementation laxiste

Les échanges bancaires dans des marchés non réglementés tels que les produits dérivés négociés de gré à gré ont été montrés du doigt par Timothy Geithner hier. Il a promis un système de surveillance plus étroit. Une réglementation laxiste a contribué aux faillites de Lehman Brothers et d'AIG l'an dernier, ce qui a mené à une crise du crédit et a causé plus de 1400 milliards US en radiations, la pire crise financière depuis la Grande Dépression.

«Les autorités de réglementation ont une occasion unique de nettoyer ce gâchis. Je crois que la Réserve fédérale américaine commence à s'en apercevoir», a dit M. Kloet.