Le titre du constructeur ferroviaire québécois Railpower (P) vient de connaître un sursaut en Bourse après l'annonce d'essais concluants de ses locomotives hybrides en Californie.

Hier, le titre de Railpower Technologies s'est apprécié de 20% (9 cents) pour atteindre 54 cents à la fermeture de la Bourse de Toronto. Une bonne journée, mais rien pour faire oublier les dernières années difficiles sur les marchés boursiers. En décembre 2005, le titre du constructeur de locomotives hybrides -elles fonctionnent au diesel et à l'électricité- s'échangeait jusqu'à 6,69$ sur les parquets torontois.Mais comme les commandes des sociétés de chemins de fer tardaient à venir, plusieurs investisseurs ont perdu patience. «Railpower a un excellent produit entre les mains, ça fait deux ans que l'entreprise n'a pas annoncé des commandes importantes, dit l'analyste Marvin Wolff, de la firme torontoise Paradigm Capital. Deux ans, ça commence à être long.»

Depuis le début de 2008, Railpower n'a construit qu'une dizaine de ses locomotives peu énergivores, comparativement à 80 locomotives en 2007.

Cette semaine, la société, dont le siège social est situé à Brossard, n'a pas annoncé de nouvelles commandes, mais c'est tout comme: elle a fait connaître les résultats de ses essais auprès de cinq sociétés de chemins de fer du sud de la Californie. Ils ont tous été concluants. «Nous espérons avoir des nouvelles commandes d'ici trois mois», dit José Mathieu, PDG de Railpower.

Les locomotives hybrides de Railpower peuvent tirer deux fois plus de marchandises tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre de 80% et leur consommation d'essence jusqu'à 45%.

«Nous sommes en train de changer la game, dit José Mathieu. Dans le passé, les chemins de fer achetaient nos locomotives parce qu'ils avaient des subventions pour devenir moins polluantes. Maintenant, nous avons fait la preuve que nos locomotives sont rentables sur le plan économique sans les subventions.»

Railpower fera maintenant d'autres essais avec des entreprises ferroviaires du nord de la Californie, de Seattle ainsi que de Chicago. «Les gens de l'industrie sont peu crédules, dit M. Mathieu. Mais quand ils voient les résultats de nos essais avec leurs concurrents, ils se montrent intéressés.»

Malgré son sursaut d'hier, le titre de Railpower est en baisse de 14,3% depuis le début de l'année à la Bourse de Toronto. L'entreprise québécoise bénéficie toutefois du soutien de la caisse de retraite ontarienne Teachers', qui a investi 55 millions de dollars en placements privés depuis le début de l'année.

S'il choisit de convertir tous ses titres de dettes en actions, Teachers' posséderait alors 65% des actions de Railpower. «Nous considérons Railpower comme une occasion d'affaires intéressante à long terme, mais il est beaucoup trop tôt pour faire connaître nos intentions, dit Deborah Allen, porte-parole de Teachers'. De toute façon, nous ne pouvons rien convertir avant deux ans.»