Bien des parents aimeraient rester plus longtemps à la maison pour s'occuper de leurs petits. Différents éléments doivent être pris en compte dans les calculs.

LE PROBLÈME

Mélanie et son conjoint sont les heureux parents de deux enfants de 4 ans et 6 mois. « Mes prestations du Régime québécois d'assurance parentale (RQAP) se terminent en septembre, explique Mélanie. Par contre, j'ai la possibilité de prolonger mon congé de plus de deux ans sans solde. J'aimerais rester à la maison jusqu'à ce que mon aînée entre à l'école, en septembre 2020. Je serais assurée de retrouver mon poste ensuite. » L'aînée fréquenterait une prématernelle privée trois jours par semaine d'ici à son entrée à l'école.

Le couple se demande toutefois s'il a les moyens de vivre avec un seul salaire. Il possède 30 000 $ dans un compte d'épargne. Mélanie a également 4000 $ dans un régime enregistré d'épargne retraite (REER). « J'aimerais savoir ce qui nous restera réellement en tenant compte des crédits d'impôt et de l'augmentation des prestations pour les enfants », indique-t-elle.

Les dépenses actuelles de la famille s'élèvent à environ 4200 $ par mois. Cela inclut 3500 $ par an pour les vacances et 3000 $ pour des repas au restaurant. « Nous allons réduire ces montants de manière importante, indique-t-elle. C'est difficile d'évaluer à combien précisément. Je dirais 2000 $ pour les vacances et 1500 $ pour le restaurant. »

Pour l'instant, le couple n'a pas d'autres projets importants à court ou moyen terme. « Notre maison est neuve, note Mélanie. On pourrait y apporter quelques améliorations, mais il n'y a pas de travaux importants ou urgents à faire. »

Comme les deux époux sont fonctionnaires, ils possèdent un régime de retraite à prestations déterminées. Ils ne s'inquiètent pas pour leur retraite. « Si je le souhaite, je pourrais racheter mes années sans solde pour qu'elles soient incluses dans ma rente, ajoute Mélanie. Je sais que cela représentera plusieurs milliers de dollars. »

Ils possèdent aussi des assurances au travail. « Nos assurances vie représentent deux fois notre salaire brut, précise-t-elle. Mon assurance est maintenue durant mon congé. » Est-ce suffisant ?

Certains parents souhaiteraient pouvoir rester plus longtemps à la maison à la fin de leur congé parental. Photo Édouard Plante-Fréchette, La Presse

LES CHIFFRES

Salaire de Mélanie : 69 500 $ par année

Revenu du RQAP : 618 $ brut par semaine

Salaire du conjoint : 73 000 $ par année

Liquidités : 30 000 $

Dépenses actuelles : 4200 $ par mois (incluant à la prématernelle à 480 $ par mois)

Hypothèque : 237 000 $

LA SOLUTION

Bonne nouvelle pour les nouveaux parents, leur projet est réalisable. Comme anticipé, prolonger le congé parental de Mélanie leur permettra de bonifier les allocations et crédits reçus des gouvernements. Ils devront néanmoins piger dans leur épargne pour boucler leur budget.

Pour commencer, Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour, leur recommande de mettre leurs économies dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Ce pourrait être en partie dans un compte d'épargne à intérêts élevés et dans un fonds commun de placement sécuritaire. « L'important, c'est de s'assurer qu'ils peuvent accéder à leur argent à tout moment », précise-t-il. L'argent pourra donc fructifier un peu à l'abri de l'impôt.

Selon les règles budgétaires actuelles, les époux auraient un manque à gagner de 34 058 $ d'ici à septembre 2020 s'ils conservent leur train de vie actuel. « Ils doivent réduire leurs dépenses de 250 $ par mois », précise M. Ajab. Comme ils ont déjà prévu diminuer leur budget de vacances et de restaurant, ils devraient y arriver.

Évidemment, les règles budgétaires peuvent changer d'une année à l'autre. « Comme des élections s'en viennent, ce serait surprenant d'assister à des coupes importantes dans les deux prochaines années », avance M. Ajab.

« Pour la fin de l'année 2018, ils pigeront dans le CELI », explique M. Ajab. Pour 2019, il conseille à Mélanie de puiser d'abord dans son REER. Comme elle n'aura aucun revenu, elle ne paiera pas d'impôt. « Il y aura une déduction à la source, mais elle retrouvera son argent dans son remboursement d'impôt », précise-t-il. Le reste proviendra du CELI.

Au terme du congé sans solde, le couple devrait encore avoir 8000 $ dans son CELI. M. Ajab recommande de conserver cette somme comme fonds d'urgence en cas de malheur ou d'imprévu.

ASSURANCE

D'ailleurs, M. Ajab remarque que la couverture d'assurance du couple est insuffisante compte tenu de leur hypothèque de 237 000 $ et du fait qu'ils ont deux petits. « Pour subvenir aux besoins des enfants, on calcule en moyenne 6000 $ par année par enfant, explique-t-il. Il faut aussi prévoir environ 10 000 $ pour les frais funéraires. » En tenant compte de leur couverture actuelle, il manque donc 164 500 $ en assurance vie.

Quant à l'assurance invalidité, elle ne couvrirait qu'une portion de leur salaire. Or, leurs dépenses resteront stables et pourraient même augmenter en cas de malheur. « Je suggérerais donc une assurance d'environ 1000 $ par mois pour couvrir l'hypothèque », note-t-il.

S'assurer pour les 20 prochaines années leur coûterait environ 66 $ par mois. « C'est important pour protéger la qualité de vie de la famille, insiste M. Ajab. Le couple a les moyens de se la payer. »

ÉPARGNE

Même avec un bon régime de retraite, le couple devrait se préoccuper de la planification de sa retraite après le congé. Le REER pourrait notamment lui permettre de réduire ses impôts et d'augmenter ses prestations gouvernementales pour les enfants.

Acheter les années de service correspondant au congé sans solde pourrait aussi être une solution avantageuse. Il y aurait lieu de l'analyser en détail avec un planificateur financier le moment venu.

Finalement, les parents devraient songer à épargner dans un régime enregistré d'épargne-études (REEE) pour leurs enfants. « Ce n'est pas urgent, ils peuvent attendre la fin du congé sans solde, indique M. Ajab. Mais ça vaut vraiment la peine avec les subventions d'au moins 30 % versées par les gouvernements. »

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