Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a souligné mardi que les ménages canadiens avaient accumulé une dette de 2000 milliards, ce qui constitue une vulnérabilité alors que la banque centrale envisage de hausser son taux d'intérêt directeur.

Dans un discours prononcé mardi à Yellowknife, M. Poloz a indiqué que cette dette avait progressé depuis trois décennies, tant en chiffres absolus qu'en proportion de l'économie. Une portion d'environ 1500 milliards de cette dette est constituée de prêts hypothécaires.

La banque centrale a certaines inquiétudes vis-à-vis de la capacité des ménages à assurer le service de leur dette lorsque les taux d'intérêt continueront à grimper, comme la plupart des observateurs s'y attendent, dans les mois à venir.

M. Poloz a procédé à trois hausses de taux depuis juillet dernier, dans la foulée d'une performance économique impressionnante de l'économie canadienne depuis la fin 2016.

Mais la banque centrale a laissé son taux directeur inchangé à 1,25 % le mois dernier, et elle continue à évaluer quel sera le bon moment pour sa prochaine hausse.

Dans le texte préparé de son discours destiné à la Chambre de commerce de Yellowknife, M. Poloz a affirmé que le volume d'argent que les Canadiens doivent rembourser était une importante vulnérabilité, tant pour les individus que pour l'économie entière - et que c'était là une des raisons qui expliquent l'approche prudente privilégiée par la banque centrale dans sa politique monétaire.

«(Cet endettement) présente encore des risques pour l'économie et la stabilité financière, des risques qui, en raison de la taille même de la dette en cause, persisteront un certain temps», a fait valoir M. Poloz.

«Il y a cependant tout lieu de croire que nous pouvons continuer à les gérer avec succès. Les progrès économiques enregistrés à ce jour renforcent notre conviction que des taux d'intérêt plus élevés seront justifiés avec le temps ; cela dit, une certaine détente monétaire sera encore nécessaire.»

Le gouverneur a souligné que cette dette était la résultante naturelle de divers facteurs, dont la demande soutenue de logements et la période prolongée de bas taux d'intérêt, qui visait à stimuler l'économie.

Le gouverneur a aussi donné des détails sur les questions examinées par la banque centrale lorsqu'elle prépare ses décisions sur la politique monétaire.

Si les taux sont haussés trop rapidement, la banque risque d'étouffer la croissance économique, de ne pas atteindre sa cible idéale de deux pour cent pour l'inflation, et cela pourrait déclencher le genre de risque pour la stabilité financière qu'elle tente d'éviter, a-t-il expliqué.

À l'inverse, si le conseil de direction de la banque centrale hausse les taux trop lentement, M. Poloz juge que cela pourrait intensifier les pressions inflationnistes et entraîner un dépassement de la cible d'inflation, en plus d'encourager les ménages à augmenter davantage leur dette et les rendre encore plus vulnérables.