Différents événements de la vie peuvent nuire à l'épargne en vue de la retraite. Comment corriger le tir avant qu'il ne soit trop tard ?

LE PROBLÈME

À 45 ans, Katrina estime être à la croisée des chemins dans sa vie financière. Travailleuse à forfait dans le domaine de la télévision, elle a deux fils, soit un adulte qui volera sous peu de ses propres ailes et un autre qui étudiera quelques années encore. « Je subviens seule aux besoins du plus jeune », note-t-elle.

Son ex-mari a été malade durant les dernières années de leur mariage. « Nous avons accumulé des dettes, toutes à mon nom, explique Katrina. Pour diverses raisons compliquées et déprimantes, j'ai dû les rembourser seule. J'ai terminé l'an dernier et je me retrouve enfin avec un surplus dans mon budget. J'ai donc commencé à mettre de l'argent dans mon régime enregistré d'épargne-retraite (REER), soit 200 $ à chaque paie. Mais je sais bien que ça ne suffira pas et que je risque d'avoir un revenu plutôt bas à la retraite à ce rythme. »

Katrina a donc besoin d'un plan pour les prochaines années afin de redresser la barre et d'épargner davantage pour sa retraite. Elle envisage notamment d'acheter un condo ou une maison dans un quartier central de Montréal. « J'aurai presque fini de le payer à ma retraite et j'aurai donc moins de frais pour me loger, indique-t-elle. Mais je n'ai pas la mise de fonds nécessaire, je dispose d'un peu plus de 10 000 $ seulement. »

Elle souhaite ne pas trop augmenter ses dépenses pour se loger non plus, car elle veut garder une marge de manoeuvre au cas où elle se retrouverait au chômage pour une certaine période. « Dans les faits, je n'ai pas manqué de travail depuis plusieurs années, mais j'ai besoin de cette tranquillité d'esprit, étant donné que je suis seule pour payer les dépenses », explique Katrina.

De plus, être située dans un quartier central lui permettrait de ne plus avoir de voiture. « Elle gruge presque toute ma marge de manoeuvre, soit près de 600 $ par mois avec le stationnement et l'essence, calcule Katrina. Cela étant dit, je vais quand même avoir besoin d'un budget de déplacements pour l'autobus, un service d'autopartage et des locations de voiture. Cela représentera probablement 300 $ par mois environ. » Pour le reste, elle dit déjà maintenir ses dépenses au minimum.

Comme elle va déménager en juillet, après le départ de son aîné, elle se demande si elle devrait acheter une propriété tout de suite. Elle est toutefois prête à être patiente, si nécessaire.

LA VIE EN CHIFFRES 

Salaire : 80 000 $ par année (augmentation de 50 $ par semaine à venir)

Dépenses mensuelles : 4200 $

REER : 4530 $ (200 $ par mois)

Argent comptant : 7500 $

Aucune dette

Montants projetés du Régime de rente du Québec : 617 $ par mois à 60 ans ou 982 $ par mois à 65 ans

LA SOLUTION

Comme Katrina n'a pas de régime de retraite dans le cadre de son emploi, l'essentiel de ses revenus de retraite proviendra de ses efforts d'épargne. « Elle a réussi à traverser une période difficile tant sur le plan personnel que financier, souligne Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour. Elle s'est fixé un objectif financier clair et se retrouve sans aucune dette aujourd'hui, c'est une belle réalisation ! Elle montre une belle détermination et elle a des revenus intéressants. Avec un bon plan, il n'est pas trop tard pour accumuler l'argent nécessaire à sa retraite. »

Tout d'abord, il lui recommande d'investir ses liquidités dans un compte d'épargne libre d'impôt (CELI) afin de constituer un fonds d'urgence.

Ensuite, M. Ajab conseille à Katrina d'attendre au moins à 2019 avant d'acheter une propriété. Comme son contrat de travail actuel se termine cette année-là, elle saura davantage à quoi s'attendre. De plus, son contrat de location de voiture sera terminé et elle aura eu le temps d'épargner davantage pour sa mise de fonds.

« Elle dégage actuellement des surplus mensuels de 500 $, constate M. Ajab. Je lui recommande de les investir dans un REER bien diversifié et accessible à tout moment en prévision de l'achat de sa propriété. Elle doit s'assurer de choisir ses placements en vue d'un retrait à court terme. Après l'achat de la propriété, elle pourra modifier sa stratégie puisque ses placements seront à plus long terme, pour sa retraite. »

En 2019, Katrina aura accumulé environ 13 000 $ dans son REER. Elle pourra retirer de l'argent sans payer d'impôt dans le cadre du régime d'accession à la propriété (RAP) le moment venu.

D'ici là, ses contributions REER lui permettront d'obtenir un remboursement d'impôt de 2000 $ par année. Elle pourra l'investir dans un CELI afin qu'il fructifie à l'abri de l'impôt. Même chose pour son augmentation de salaire de 50 $ par semaine. « Compte tenu de la précarité de son emploi, je pense que c'est important pour elle d'avoir un bon coussin au cas où. Le CELI lui offrira une plus grande flexibilité que le REER. » Rien ne l'empêchera de prendre une partie des sommes de son CELI pour l'investir dans son REER plus tard.

LA RETRAITE

Lorsqu'elle n'aura plus sa voiture, Katrina pourra également investir ses 300 $ mensuels d'économies dans son CELI. « Cela représentera environ 110 000 $ de plus pour sa retraite à 65 ans », souligne M. Ajab.

En suivant ce plan, Katrina aura environ 452 000 $ d'investissement et un condo presque payé au moment de sa retraite, selon les estimations de M. Ajab. À cela s'ajouteront ses rentes du Régime de rentes du Québec et de la pension de la Sécurité de la vieillesse.

Bref, contrairement à ce qu'elle craint, Katrina peut aspirer à un peu de confort pour sa retraite. Éventuellement, elle pourra également revoir son plan avec son conseiller pour l'ajuster aux changements qui surviendront dans sa vie.

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