Arrivée au pays il y a cinq ans, Sophia a pour principal objectif de fournir la meilleure éducation possible à sa fille. Cependant, la mère à la tête d'une famille monoparentale a aussi d'autres projets, dont l'achat d'un condo. Est-ce bien réaliste ?

Le problème

À 10 ans, la fille de Sophia montre un talent certain pour les études. Afin de l'aider à développer son potentiel, sa mère juge important de l'envoyer dans une école privée au secondaire. Facture estimée : 5000 $ par année. « J'ai décidé de m'y prendre d'avance pour accumuler cette somme, explique Sophia. Je veux être sûre d'avoir l'argent nécessaire pour que ma fille soit bien protégée. »

Prévoyante, elle a également mis de côté 8000 $ dans le régime enregistré d'épargne-étude (REEE) de sa fille, afin de payer ses études postsecondaires.

Si l'éducation de sa fille est sa priorité, Sophia a également d'autres projets. Elle aimerait quitter son appartement pour acheter un condo de deux chambres à Montréal. « Je suis allée voir une institution financière et on m'a dit que je pouvais m'acheter un condo de 240 000 $ au maximum, explique-t-elle. Je trouve toutefois que c'est beaucoup, j'ai peur de me sentir étouffée avec ce paiement. Je serais plus à l'aise en achetant un condo de 220 000 $ ou moins. »

Elle envisage aussi de changer sa voiture, un modèle 2006, d'ici quelques années. « J'en prendrais une d'occasion parce que je l'utilise seulement les week-ends pour les courses, les sorties et les entraînements de patinage artistique et de gymnastique de ma fille, explique Sophia. Pour le travail, je prends les transports en commun. » Elle se dit toutefois prête à mettre ce projet de côté pour consacrer son argent au condo si nécessaire.

Autre chose ? Comme elle a un régime de retraite offert par son employeur, elle se demande s'il est bien pertinent de mettre de l'argent dans son REER. « J'aimerais aussi faire un voyage dans le Sud avec ma fille dans les prochaines années, confie-t-elle. Mais avec mon budget, je doute que ce soit réaliste... Je cherche des possibilités pour atteindre mes buts dans les trois à quatre prochaines années. J'ai besoin de conseils. »

Les chiffres

• Revenu : 58 600 $ par année

• Aucune pension alimentaire

• Régime enregistré d'épargne retraite (REER) : 2000 $

• Compte d'épargne pour la mise de fonds du condo : 15 200 $

• Compte d'épargne pour l'école privée : 8100 $

• Régime enregistré d'épargne-étude (REEE) : 8000 $

• Dépenses : environ 2800 $ par mois

• Épargne : environ 615 $ par mois

La solution

Au premier coup d'oeil, Félix Deschatelets et Chanelle Montpetit, planificateurs financiers chez N15, n'étaient pas convaincus que tous ces projets étaient réalisables en si peu de temps. En y regardant de plus près, ils ont néanmoins trouvé une stratégie pour que Sophia puisse réaliser ses objectifs !

Première étape : l'optimisation. « Son épargne est éparpillée dans des comptes d'épargne et ce n'est pas l'idéal d'un point de vue fiscal », signale M. Deschatelets. Il lui recommande d'abord de placer l'argent pour les études de sa fille dans un certificat de placement garanti ou des fonds communs de placement, selon sa tolérance au risque. Le tout à l'intérieur d'un compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Elle obtiendrait ainsi de meilleurs rendements et ceux-ci ne seraient pas imposables.

En continuant d'épargner, Sophia aura accumulé l'argent nécessaire aux études secondaires de sa fille dès sa rentrée. Ensuite, elle aura donc une marge de manoeuvre dans son budget pour la réalisation d'autres projets.

Félix Deschatelets, planificateur financier chez N15. Photo: Félix Deschatelets

Stratégie pour le condo

D'ailleurs, pour ce qui est de l'achat d'un condo de 220 000 $, un prêt amorti sur 25 ans avec une mise de fonds de 10 % représenterait un coût supplémentaire d'environ 440 $ par mois dans son budget. « Cela comprend les taxes et les charges de copropriété », souligne Mme Montpetit. Évidemment, ces charges peuvent varier d'un condo à un autre.

Les planificateurs proposent d'ailleurs une stratégie intéressante pour sa mise de fonds. En investissant dans un REER plutôt que de laisser l'argent dans un compte d'épargne, elle pourrait retrouver 65 % de son investissement en remboursement d'impôt et en augmentation de ses prestations gouvernementales, comme l'allocation canadienne pour enfants, par exemple. « En choisissant le REER de la FTQ, elle irait toutefois chercher 30 % additionnels pour un total de 95 %, avance M. Deschatelets. C'est presque la totalité de la somme investie. »

L'investissement maximum au REER de la FTQ, pour obtenir le crédit d'impôt additionnel, est de 5000 $ par année. « Ces économies d'impôt lui permettront de mettre de l'argent de côté pour l'achat de sa voiture », indique M. Deschatelets. Par contre, si elle pouvait obtenir un financement à un taux d'intérêt très bas chez le concessionnaire, cette solution pourrait aussi être intéressante. « Il faut aussi voir si elle serait à l'aise avec ça, car elle ne semble pas aimer l'idée d'avoir des dettes », note-t-il.

Sophia pourrait aussi utiliser une partie de son remboursement d'impôt pour partir en voyage avec son enfant. Cela retarderait cependant quelque peu l'achat de la voiture si elle souhaite la payer comptant. « Elle aura un choix à faire », souligne M. Deschatelets.

Finalement, au moment d'acheter le condo, Sophia pourra utiliser le régime d'accession à la propriété (RAP). Celui-ci permet de retirer jusqu'à 25 000 $ de son REER pour sa mise de fonds sans avoir à payer d'impôt.