Ah, l'amour ! Ça change une vie, mais aussi les objectifs et les finances personnelles. Alain compte vendre sa maison pour déménager avec sa nouvelle conjointe. Il cherche la meilleure stratégie pour ses investissements dans cette nouvelle aventure.

LE PROBLÈME

En couple depuis un certain temps, Alain a récemment mis en vente sa maison et espère obtenir ainsi 515 000 $. Ensuite, il déménagera chez sa conjointe. « Pour les deux premières années, nous avons convenu que je lui paierais 1000 $ par mois, raconte-t-il. Ensuite, si ça va toujours bien, je compte acheter la moitié de sa maison pour 375 000 $. »

Alain souhaite profiter des liquidités dégagées par la vente de sa maison pour réaliser un rêve. « J'aimerais changer ma voiture et m'en acheter une autre de 50 000 $ », explique-t-il. Quant au reste de la somme, il souhaite le placer de la manière la plus judicieuse possible en attendant.

Pour l'instant, son REEE est maximisé, mais pas son CELI. Il a aussi des sommes importantes dans des placements non enregistrés. « Jusqu'à récemment, mon CELI était maximisé, mais j'ai effectué des retraits pour cotiser à mon REER, payer mes taxes et faire des rénovations, explique-t-il. Je ne pouvais pas retirer mes placements non enregistrés puisque ce sont des parts de capital de Desjardins. »

Ce produit est beaucoup moins liquide que d'autres puisque les parts ne peuvent être vendues qu'à des membres de Desjardins ou à l'institution elle-même. Il peut y avoir des délais d'attente et Desjardins n'a aucune obligation d'accepter cette demande.

Ancien entrepreneur, Alain s'inquiète aussi au sujet des sommes importantes laissées dans son entreprise, fermée depuis trois ans. « Avec la réforme du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, je me demande si je ne devrais pas transférer ce montant d'environ 400 000 $ sur mon compte personnel pour éviter de payer trop d'impôt », note-t-il.

Il aimerait aussi prendre sa préretraite vers 2028. Il travaillera alors à temps partiel.

LES SOLUTIONS

« Alain est très mal conseillé, tranche d'entrée de jeu Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour. Son fonds d'urgence n'est pas accessible, son investissement dans sa compagnie est inefficient fiscalement, son CELI n'est pas maximisé malgré des placements non enregistrés générant des intérêts imposés au taux maximal. C'est aberrant ! »

Cela étant dit, malgré les ajustements nécessaires, il estime qu'il est bien parti pour réaliser ses objectifs financiers.

Tout d'abord, Alain devrait insister auprès de son institution financière afin que celle-ci rachète la totalité de ses parts de capital. « Il devrait aussi changer ses placements dans sa compagnie pour avoir des fonds constitués en société plutôt qu'en fiducie, ajoute M. Ajab. Avec le fonds constitué en fiducie, il y a de l'impôt à payer sur toutes les sommes générées, que l'argent soit retiré ou non. Avec le fonds constitué en société, certains types de rendements ne sont pas imposables tout de suite, mais juste au moment du retrait. »

Quant à l'argent issu de la vente de la maison, M. Ajab croit qu'il devrait l'investir dans un portefeuille bien diversifié constitué de 75 % de titres de revenu et 25 % de titres de croissance. Un placement plutôt sécuritaire étant donné qu'il risque de le retirer en tout ou en partie dans deux ans à peine. « Dans deux ans, la valeur de ses 260 000 $ devrait avoir grimpé à environ 270 000 $ après qu'il aura payé l'impôt sur le rendement à l'extérieur du CELI. »

Alain devrait en effet en profiter pour maximiser son CELI au passage. « Lorsqu'on retire des sommes d'un CELI, on retrouve les droits de cotisation seulement l'année suivante », rappelle cependant Matthew Leblanc, directeur régional au Groupe Investors.

Comme Alain a utilisé tous ses droits de cotisation et que les retraits ont été faits en 2017, il devrait donc attendre à 2018. Dans le cas contraire, il pourrait avoir à payer une pénalité. En cas de doute, il est toujours possible de s'informer auprès de l'Agence du revenu du Canada.

HYPOTHÈQUE OU ÉPARGNE ?

Difficile pour l'instant de déterminer s'il serait plus avantageux de retirer ces sommes pour l'achat de la maison ou de prendre une hypothèque plus importante. « Le moment venu, il devra évaluer avec son planificateur financier le rendement net d'impôt de ses placements versus le taux d'intérêt hypothécaire afin de faire un choix éclairé », souligne M. Ajab.

M. Leblanc conseille de faire un exercice semblable pour l'achat de la voiture. « Il faudrait demander au concessionnaire si c'est la meilleure offre qu'il peut lui faire s'il paie comptant, explique-t-il. Alain pourra alors juger en fonction de l'économie réalisée et du taux d'intérêt proposé. Dans certains cas, ça pourrait aussi être plus avantageux de se financer à même une marge de crédit hypothécaire, par exemple. »

Quant à la réforme fiscale à venir, il est trop tôt pour tirer des conclusions. « La réforme n'est pas encore une loi, ce n'est même pas un projet de loi, rappelle M. Ajab. À l'heure actuelle, il n'y a pas de raison de liquider la compagnie. » Néanmoins, ce serait sage pour Alain de vérifier l'impact de la réforme sur sa situation personnelle lorsqu'on en saura plus.

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour