À 62 ans, Marielle songe sérieusement à prendre sa retraite et à déménager en condo. Elle aimerait voyager plus, mais aussi aider son fils pour ses études. « En espérant ne pas avoir à travailler jusqu'à 90 ans », précise-t-elle avec une pointe d'humour qui trahit son inquiétude.

Le portrait

Divorcée, Marielle vit seule avec son fils de 22 ans. Celui-ci souhaite étudier la médecine et il envisage d'emménager avec sa copine. Comme elle n'aura plus besoin d'autant d'espace et qu'elle commence à en avoir assez de l'entretien de la maison, elle songe à déménager en condo. « J'en ai trouvé un à mon goût au bord de l'eau, explique-t-elle. C'est un trois et demie neuf, à 226 000 $ incluant les taxes. Il y a une piscine creusée, un garage, une grande terrasse commune, etc. » L'immeuble devrait être prêt en juillet 2018.

À 55 ans, elle a commencé à recevoir des sommes de son fonds de pension tout en continuant à travailler. « J'aime encore mon travail, mais je souhaiterais arrêter, confie-t-elle. Par contre, si je n'ai pas assez d'argent pour en profiter, je préfère continuer. »

Voyageuse, elle est souvent allée en Europe et aimerait bien y retourner. Elle songe également à visiter la Chine. Ajoutons à cela une semaine dans le Sud l'hiver.

« Je ne partirais pas avec mon sac à dos, j'aime bien avoir mon petit confort. Je veux m'installer à l'hôtel, manger au restaurant, etc. » - Marielle

Une conseillère d'une institution financière lui a suggéré de prendre une hypothèque plus importante afin d'investir dans ses REER. Marielle préférerait toutefois avoir une retraite sans dettes. Elle estime que la vente de la maison et l'achat du condo lui permettraient d'atteindre cet objectif. De plus, sa mère est âgée de 90 ans. Elle s'attend à recevoir un héritage dans les prochaines années.

La vie en chiffres

Revenus

Salaire : 50 000 $ par année

Fonds de pension : 32 000 $ par année (22 073 $ à partir de 2020)

Actifs

REER : 70 000 $

CELI : 8000 $

Maison : entre 325 000 $ et 350 000 $

Héritage éventuel : 175 000 $

Dettes

Hypothèque : 90 000 $

Dépenses

Hypothèque : 600 $ aux deux semaines

REER et CELI : 500 $ aux deux semaines

Électricité : 125 $ par mois

Télécommunications : 170 $ par mois

Épicerie et pharmacie : 700 $ par mois

Assurances : 92 $ par mois

Divers : 200 $ par mois

Voyages : 3000 $ par année (entre 5000 $ et 6000 $ à la retraite)

Études de son fils : 1400 $ par année

LA SOLUTION

À première vue, les projets de Marielle sont réalistes, selon les experts consultés. Vendre sa maison pour déménager dans son condo coup de coeur est une bonne stratégie, estiment-ils. Cela lui permettra de ne plus avoir d'hypothèque !

Devrait-elle néanmoins en prendre une pour cotiser à son REER, comme on le lui a conseillé ? « Mathématiquement, c'est peut-être intéressant pour la déduction d'impôt, convient André Lacasse, planificateur financier à Services financiers Lacasse. Cependant, au-delà des chiffres, je pense qu'il est généralement préférable d'éviter d'avoir une hypothèque à la retraite. »

Les 600 $ toutes les deux semaines payés pour l'hypothèque pourraient toutefois être versés au REER après la vente si elle continue de travailler jusqu'à 65 ans. « C'est 15 600 $ de moins par année qu'elle aura à payer, calcule Francis Sabourin, directeur, gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille chez Richardson GMP. Elle pourrait notamment investir jusqu'à 5000 $ par année dans un fonds de travailleurs. Elle obtiendrait une économie d'impôt encore plus élevée. C'est entre 60 % et 65 % qui vont lui revenir. »

Elle pourrait également songer à déplacer l'argent accumulé dans son CELI dans son REER. Elle bénéficierait d'une économie d'impôt. « Elle a un taux d'imposition quand même assez élevé alors ça vaut la peine, estime M. Sabourin. Si, pour elle, c'est un fonds d'urgence, elle pourrait toujours utiliser une marge de crédit hypothécaire si nécessaire. »

M. Lacasse, lui, suggère plutôt de conserver à la fois un REER et un CELI. « Marielle a une voiture de 2008 qu'elle pense changer éventuellement, le CELI pourrait être intéressant », note-t-il.

Par ailleurs, les experts estiment que Marielle fait bien d'attendre pour demander sa rente de la Régie des rentes du Québec. 

« Comme son revenu est élevé, elle paierait beaucoup d'impôt sur ce montant, note M. Sabourin. Si elle attend, elle va continuer d'accumuler. » - André Lacasse, planificateur financier 

Elle évite aussi d'être pénalisée.

Si elle travaillait un peu au-delà de 65 ans, les sommes qu'elle recevrait seraient encore plus élevées. « À titre d'exemple, le maximum à 65 ans est de 1114 $, explique M. Lacasse. À 66 ans, c'est 1207 $ par mois. Si la personne vit jusqu'à 90 ans, ça représente une somme importante ! De plus, depuis 2013, la Pension de la sécurité de la vieillesse peut être retardée et elle augmente progressivement. Dans le cas de Marielle, il faudrait faire le calcul pour vérifier si cela vaut la peine. »

Finalement, le fils de Marielle pourrait songer à demander un prêt étudiant s'il est admissible. « Il n'y a aucun intérêt durant les études, rappelle M. Sabourin. Lorsque sa mère va décéder, Marielle pourrait prendre une partie de l'héritage pour aider son fils à rembourser son prêt. »

Photo Ninon Pednault, archives La Presse

Francis Sabourin, directeur, gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille chez Richardson GMP

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